C'est du moins l'affirmation, dans un entretien au Spiegel, du fils du grand ayatollah Hossein Ali Montazeri, décédé le 19 décembre dernier. Le fils du chef religieux dissident iranien, Hossein Ali Montazeri, décédé le 19 décembre, estime que l'arrestation ou la disparition du principal chef de l'opposition, Mir Hossein Moussavi, aurait des «conséquences catastrophiques» sur son pays, dans un entretien au Spiegel. Pour Saïd Montazeri, la mort du neveu de Moussavi, tué par balle lors de manifestations anti-gouvernementales le 27 décembre, était une action ciblée des autorités de Téhéran et «une sorte de dernier avertissement» à Moussavi. «Je ne sais pas si lui aussi sera abattu un jour. Ou si le régime va le faire arrêter. (Mais) cela aurait des conséquences catastrophiques», explique le fils Montazeri, joint à son domicile de Qom, sur son portable, par l'hebdomadaire allemand. Dans un communiqué publié sur un site d'opposition, vendredi, Mir Hossein Moussavi s'était dit prêt à mourir en «martyr» dans sa lutte contre la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad. Interrogé sur l'éventualité d'un embrasement de l'Iran, Saïd Montazeri «espère qu'on n'en arrivera pas là». «J'espère encore que les gouvernants se montreront raisonnables, qu'ils accepteront un compromis pour emprunter la voie d'une réconciliation nationale. S'ils ne font pas ce choix, ma patrie sera, dans un an, dans un état bien plus grave qu'elle ne l'est maintenant», poursuit-il. Une telle réconciliation ne serait possible qu'après le départ du président Mahmoud Ahmadinejad, dont la réélection controversée en juin est à l'origine d'une fronde de l'opposition. «La présidence devrait être confiée, après le retrait de Mahmoud Ahmadinejad, au candidat qui a obtenu le plus de suffrages lors des dernières élections: Mir Hossein Moussavi», poursuit Saïd Montazeri. Ce dernier se verrait assisté par un conseil qui regrouperait le leader de l'opposition Mehdi Karoubi ou encore les anciens présidents Mohamed Khatami et Ali Akbar Hachemi Rafsandjani. Montazeri ne vise, en revanche aucune responsabilité: «je vois mon rôle comme celui d'un militant des droits de l'homme, pas comme un responsable politique actif». Il n'appelle pas non plus à un changement de régime politique pour l'Iran. «Je crois la forme que prend l'organisation de notre société n'a pas tellement d'importance. Cela peut être une République islamiste, une République laïque, ou pour ce qui me concerne, aussi bien une monarchie. La seule chose qui compte, c'est que les gens puissent vivre en paix et dans le bien-être. Qu'ils puissent se déplacer librement et que leur voix soit écoutée». Théologien et juriste respecté, l'ayatollah Montazeri était l'un des théoriciens de la révolution de 1979 et l'un des artisans de la constitution de la République islamique. Dauphin officiel de l'imam Khomeyni pendant plusieurs années, ses dénonciations répétées des excès du régime avaient abouti à son éviction en 1989, suivie d'un exil forcé à Qom, où il était devenu une figure emblématique de l'opposition réformiste au sein du régime.