Solidarité n Aâouadej est une famille algérienne moyenne. Pour passer quelques jours à la plage, tous les membres cotisent. C?est la règle ici. Originaire de Hadjout, plus exactement de la cité Fadjana, cette famille vient souvent à la plage de Matarès, de Tipaza qui n?est pas loin de son lieu de résidence. «Nous préparons cette journée à l?avance. Mes deux nièces, des adolescentes, nous accompagnent, car leur père ne peut pas les amener à la plage, elles apportent de la nourriture et des boissons», dit Nacéra 48 ans, mère de trois enfants. Assise sous la tente, elle sourit timidement. De larges rides sillonnent sa frimousse bistrée. «Je me lève à 4 h du matin pour préparer le manger. Cela dépend ! Parfois, ce sont des frites, de la salade, des aubergines, des m?hadjebs?, du café aussi. Ce n?est pas possible d?acheter la nourriture sur place, tout est cher ! D?ailleurs avec les dernières augmentations du transport, l?aller-retour nous coûte 320 DA/jour, c?est excessif !», confie-t-elle attristée. Les deux nièces se lèvent également tôt le matin pour préparer cette «journée exceptionnelle» pour elles. Vers 8 heures, les deux familles se rencontrent à la station de bus. Chacun s?installe, chacun paie son billet. Une fois à la plage, la tente est dressée, les enfants se précipitent pour nager, jouer, alors que les femmes en profitent pour discuter sereinement. Habituée à ces lieux depuis plusieurs années, la famille Aâouadej souhaiterait changer de plage, de destination, mais ce n?est encore pas possible pour une question d?argent. «Il faut avoir les moyens de sa politique. Vivre est déjà pénible pour nous ! Lorsque nous n?avons pas d?argent, nous restons à la maison. Que voulez-vous que l?on fasse ? !», lance Abdelkader l?époux de Nacéra, un vendeur à la sauvette. Il n?a pas de local, mais vend tout et partout. «Je n?ai pas trouvé de travail, depuis plus de 18 ans c?est tout ce que je fais pour faire vivre ma petite famille. Actuellement, je vends l?équipement de plage : des bouées, des parasols? Selon la saison.» Il se tait un moment, regarde tristement ses deux enfants qui réclament du pain puis confie : «Je suis né il y a 48 ans dans un gourbi, j?y vis avec ma famille et je crois que j?y mourrai. J?ai n?ai reçu aucune aide de l?État pour construire, j?ai cherché du travail, en vain, je n?ai pas les moyens de changer de vie. La plage, c?est pour faire plaisir à mes mômes !»