Indice n Les victimes de l?ignorance affichent une volonté remarquable d?en finir avec ce handicap. Pas moins de 138 974 d?entre elles se sont inscrites aux cours d?alphabétisation, il y a deux ans. La gratuité et l?obligation scolaires étaient censées être les meilleures armes pour prévenir l?analphabétisme à l?âge adulte, mais en dépit de la baisse réconfortante observée dans le nombre effectif d?analphabètes, les résultats sont bien en deçà des ambitions, souvent, affichées par les autorités. Car le défi à relever est d?offrir aux 7 millions de citoyens concernés par ce phénomène, une seconde chance d?accéder au minimum à un enseignement de base. En effet, même si à première vue le nombre de 138 974 inscrits pendant l?année scolaire 2003 / 2004 est important en soi, il n'est, en réalité, qu?une goutte dans l?océan représentant moins de 2 % de la masse globale des analphabètes, selon les chiffres fournis par l?Onaea (Office national d'alphabétisation). Ce résultat n?est, toutefois, pas surprenant au regard du budget peu généreux dont bénéficiait le secteur de l?éducation nationale chaque année, constituant 20 à 25 % du budget de fonctionnement de l?Etat. Et de toute évidence, la part réservée à l?alphabétisation et l?enseignement pour adultes est restée le parent pauvre de ce secteur, malgré l?apport de certaines organisations internationales et du mouvement associatif, comme nous le confirme M. Outtas : «Notre institution accuse un manque flagrant de moyens et, de ce fait, il ne peut assurer un encadrement et une prise en charge de qualité de l?ensemble des personnes ayant l?envie de revenir sur les bancs de l?école.» Sur un autre registre, il a été constaté au dernier recensement de la population et de l?habitat de 1998 que les femmes analphabètes sont presque deux fois plus nombreuses que les hommes, leur proportion en pourcentage s?élève à 63,25 % dont l?âge varie entre 15 et 30 ans. A la lumière de cette réalité, la prise en charge de cette question s?est orientée, ces cinq dernières années, vers le monde rural et plus particulièrement en direction de la gent féminine car c?est à elle que revient le rôle principal au sein de la cellule familiale et dans l?éducation des enfants. «Dans une société dépourvue de femmes instruites, aucune politique de développement ne peut connaître véritablement de réussite» comme l'atteste l?Organisation arabe pour l?éducation, les sciences et la culture (Alesco). Elle considère à ce propos, que l?alphabétisation dans le monde arabe doit constituer une question de sécurité nationale impliquant non pas seulement les Etats, mais l?ensemble des partenaires (Etat, institutions économiques, sociales et éducatives, et société civile) au sein de ces Etats. Pourtant, ces mêmes partenaires manquent cruellement d?informations sur la manière d?apporter leurs contributions et considèrent, dans leur grande majorité, le ministère de l?Education comme responsable de tout ce qui relève des activités d?enseignement.