Défi n Le système éducatif et le mouvement associatif devront conjuguer leurs efforts en vue d?éviter les effets néfastes de cette réalité. De l?avis de M. Tessa, pédagogue, l?Etat algérien a consenti de gigantesques efforts pour éradiquer l?analphabétisme au lendemain de l?indépendance jusqu?à la fin des années 70. Il a agi, dit-il, sur deux axes : «La scolarisation de masse et les cours du soir en direction des adultes. Mais la demande augmentait sans cesse à cause d?une démographie galopante.» A partir de la fin des années 80, ce sont les associations qui prirent le relais avec des moyens dérisoires mais avec beaucoup de volonté. L?Etat soumis au diktat du FMI entreprit, selon lui, des restrictions budgétaires dans le cadre de la politique libérale et du coup, «la courbe de l?analphabétisme reprit sa croissance en raison du désengagement de l?Etat», ajoute M.Tessa Il a tenu, cependant, à faire remarquer qu?on ne peut parler d?analphabétisme sans aborder la gestion du système éducatif. Le taux de déperdition scolaire, toujours constant à savoir 500 000 élèves éjectés sans aucune qualification, alourdit en l?alimentant la facture de l?analphabétisme. Pour lui, c?est dans deux directions que devrait s?orienter la politique de l?alphabétisation en Algérie : l?école et le mouvement associatif. Concernant l?école, il y a lieu «de préconiser des méthodes actives dans l?enseignement des disciplines scolaires, particulièrement la lecture et d?axer l?élaboration des programmes sur l?essentiel des notions à apprendre (allégement des programmes)», a-t-il précisé. Il ne faut pas perdre de vue, dit-il, que «la maîtrise de la lecture et l?apprentissage instrumental de base conditionnent l?accès à la culture. Une fois hors du système, l?individu pourra s?informer, accéder à de la documentation, bref se cultiver». S?agissant du mouvement associatif, M. Tessa recommande aux autorités, de mener une politique volontariste à partir d?une stratégie à définir de concert avec les acteurs du terrain, afin d?instrumentaliser le concept de la formation permanente. «Les cours du soir doivent reprendre avec des méthodes et des moyens nouveaux. Les bénévoles des associations doivent être soutenus moralement et matériellement, et être formés aux techniques d?animation de session d?analphabétisation», a ajouté M. Tessa. En conclusion, notre pédagogue attire notre attention sur «l?existence d?une autre forme d?analphabétisme, c?est l?ignorance de l?outil informatique. C?est un nouveau chantier qui s?ouvre et il va de pair avec l?alphabétisation classique.»