« Moi j'ai passé mon enfance en Kabylie. Je me souviens de cette époque. Elle est restée gravée dans ma mémoire. Nos parents ne faisaient pas de courses. Ils ne partaient pas au marché. Ils travaillaient les champs. On avait tout. Les légumes et les fruits. Tout le monde travaillait. Les gens dans les villages et les hameaux s'entraidaient, même s'ils ne possédaient pas beaucoup de moyens. En dépit de la misère, il y avait un esprit de fraternité. Aujourd'hui, tout est argent. Tu n'as pas d'argent, tu crèves. En plus, on ne produit plus rien. A l'époque, les gens travaillaient beaucoup durant le ramadan. Ils ne mangeaient que ce qu'ils avaient. Ils ne choisissaient pas la nourriture. Si tu ne trouves que de la galette tu la manges sans réclamations. Tu manges du couscous ou tu prends un verre de lait… Tesbar li rebbi sebhanou. Aujourd'hui, nous n'arrivons plus à nous retrouver. Les jeunes ne travaillent pas, mais exigent de bien manger A notre époque, on n'avait pas d'électricité, mais après le f'tour, on passait nos soirées dans Tajmaat. Les femmes se rencontraient dans la cour de la maison familiale avec les voisines. Elles discutaient et racontaient des histoires. »