Lacune n L'inexistence d'un cadre juridique relatif à la fabrication de ces équipements est la raison évoquée par le ministère de la Santé pour bloquer le projet. Créée en 1981, l'entreprise Afric Moules s'est spécialisée dans l'étude et la réalisation des moules et outillages pour plusieurs industries ainsi que la fabrication de pièces de rechange en plastique et en métal pour différents secteurs d'activité. L'inexistence d'entreprises spécialisées dans notre pays et le manque de ces équipements dans les hôpitaux ont motivé Afric Moules pour se lancer dans la fabrication des implants chirurgicaux, des pièces que les orthopédistes mettent en cas de fracture : plaques à mettre sur le tibia ou sur le poignet, vis à placer sur différentes parties du corps... Cependant l'agrément du ministère de la Santé, indispensable pour le lancement de l'activité, tarde à venir. «Nous avons demandé l'autorisation en 1998, mais nous attendons toujours. Yahia Guidoum, qui était à l'époque ministre de la Santé, avait chargé une équipe d'accompagner ce projet, mais rien n'a été fait. L'inexistence de ce fameux document nous a vraiment paralysés», déplore Abdellah Ouakli, directeur général de l'entreprise, ajoutant que son unité a acquis un stock important de matière première dont le coût global s'élève à plus de 200 millions de centimes. «En outre, il y a un grand manque à gagner aussi bien pour nous que pour les malades. N'oubliez pas qu'un nombre important de malades ont été pénalisés par cette attitude de la tutelle.» En 1998, le ministre de la Santé avait envoyé une commission composée de directeurs centraux pour inspecter les capacités de la société à fabriquer ce genre d'équipements ; une démarche restée sans suite. Récemment «nous avons demandé une audience au ministre de la Santé actuel , mais nous sommes toujours sans réponse». L'inexistence des textes dans la nomenclature juridique actuelle concernant la fabrication de ces matériels est la raison évoquée par certains responsables. «C'est à eux de régler ce vide juridique. Nous n'avons rien demandé à l'Etat ni argent, ni terrain, ni infrastructure, nous ne demandons que l'agrément. Nous avons tous les moyens humains et matériels nécessaires», ajoute M. Ouakli. Les produits fabriqués à titre expérimental ont eu l'aval des grands laboratoires mondiaux. «Les responsables centraux du ministère ont exigé de nous des analyses de bio-compatibilité et puisque ce genre d'analyses n'est pas pratiqué en Algérie, nous avons sollicité les grands laboratoires français qui nous ont signifié que puisque nous utilisions ce matériel avec des références et les preuves du fournisseur mondial de la matière première, nous n'avions pas besoin d'effectuer ce genre d'analyses. Cet écrit a été joint au dossier déposé au niveau du ministère de la Santé». Actuellement, les implants chirurgicaux utilisés par les orthopédistes dans l'ensemble des hôpitaux et centres hospitaliers d'Algérie sont importés. A bon entendeur… !