Constat n La réalité actuelle de la chanson algérienne a fait, hier, l'objet d'un débat au centre culturel de la Radio nationale. Une rencontre animée par Noubli Fadhal. S'exprimant sur l'état actuel de la chanson algérienne, Noubli Fadhal, spécialiste en musique, s'est dit désolé de voir que la scène musicale n'est plus ce qu'elle était, qu'elle ne produit plus des voix en mesure de porter la culture algérienne dans sa beauté et sa diversité. «Nous assistons aujourd'hui à un recul et au déclin de la chanson algérienne», a-t-il regretté, ajoutant que «le vide culturel dans lequel vit la société depuis plus d'une décennie contribue, à coup sûr, à cet état de fait». C'est aussi par rapport à l'absence d'un projet socioculturel que la musique algérienne s'est appauvrie, clochardisée. L'intervenant a, par ailleurs, déploré que certaines gens usent sans état d'âme du patrimoine musical jusqu'à le galvauder. Il y a, selon lui, une reprise chaotique de notre patrimoine musical. «Les chansons qu'interprètent nos artistes, a-t-il relevé, manquent de rigueur. La musicalité laisse à désirer et le contenu, c'est-à-dire le texte, est stérile. Les paroles n'ont aucun sens. Ce sont des chansons qui ne veulent rien dire.» Et d'ajouter : «Les uns se contentent de combiner des mélodies, les autres s'emploient à associer des mots, le tout donne lieu à une chanson.» Il n'y a pas un travail de recherche ni sur le contenant ni sur le contenu, et les artistes ne font plus preuve d'imagination ni de sensibilité. Le conférencier a, en outre, relevé l'absence d'esprit créatif. Il n'y a plus, selon lui, de création musicale comme au temps de Ahmed Ouahbi, Rabah Deriassa, Saloua et tant d'autres encore. L'on assiste soit à des productions puériles et dérisoires, soit à de simples reprises. Et «s'agissant du patrimoine musical qui est riche et divers, il est repris sans être travaillé ce qui lui donne cet aspect répétitif et fastidieux», a-t-il indiqué, profitant de cette occasion pour appeler à la nécessité de ne plus demeurer conservateur sur le genre musical. «Il faut innover, créer», a-t-il dit. Si la chanson algérienne connaît pareille dégradation, c'est parce qu'elle revêt un caractère commercial. «La musique devient une marchandise, elle s'inscrit dans une logique commerciale», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «Le public demande, de plus en plus, de divertissement.» Devenant ainsi, la musique obéit, selon l'orateur, à la loi de l'offre et de la demande. «C'est la logique qui régit maintenant – en Algérie comme ailleurs – la production musicale», a-t-il expliqué. Et de préciser aussitôt : «On est maintenant dans une société de consommation.»