Situation n L'endroit n'abrite pas seulement les rencontres de football du club local, mais il sert aussi d'«abri» à une quinzaine de familles et ce, depuis quelques années. «Hal el-bab hal (ouvre la porte)». Un jeune homme, la trentaine environ, la barbe bien taillée, sort du stade communal de Béni Messous. A la question de savoir s'il habite ici, il répond par la négative : «J'y travaille plutôt.» Mais si lui n'habite pas, beaucoup d'autres le font. En effet, l'endroit n'abrite pas seulement les rencontres de football du club local, il sert aussi « d'«abri» pour une quinzaine de familles et ce, depuis quelques années. «Depuis les inondations de Bab El-Oued en novembre 2001 exactement», précise-t-on. Première halte : les vestiaires dont une partie est occupée par une famille de 6 personnes. «Nous sommes ici depuis 3 ans», souligne la mère, visiblement gênée. Son enfant de 4 ou 5 ans, assis devant un écran de télévision, arrive tout de même à lui arracher un sourire quand il lui lance à haute voix : «Mama, mama, arwahi tchoufi (maman, maman, viens voir).» L'innocence de l'enfant contraste avec la rudesse de la vie que mène sa famille dans ce vestiaire transformé en «deux pièces», l'une servant de chambre à coucher et l'autre de cuisine et de salon en même temps ! «Regardez le toit, il est en éternit, un produit qui, il faut bien le noter, contient de l'amiante, ce qui revient à dire que cette famille est en danger», tonne Mohammed Megnouche, président du club amateur local, l'AGBM en l'occurrence. «Le comble est que l'eau rentre quand il pleut», renchérit la mère. A quelques mètres de là, des odeurs fort nauséabondes se dégagent de ce qui semble être les sanitaires du stade. «J'espère que vous avez pris un fortifiant avant de venir», relève, mi-sérieux mi-plaisantin, M. Megnouche. A l'angle du vestiaire, des amas d'ordures et d'immondices s'entassent dans un décor qui renseigne sur l'état d'abandon dans lequel se trouve cette infrastructure sportive. «Vous n'avez encore rien vu», annonce le premier responsable de l'Agbm. «La situation est pire dans les locaux d'en face qui servaient jadis de bureaux à notre association et de salle d'entraînement pour les amateurs de karaté, entre autres», ajoute-t-il.