Intrusion n «El-hedda», «El-visa» et «Le téléphone portable» n'ont envahi les paroles des chansons rai que depuis l'apparition du phénomène de la mondialisation qui a généré une culture fast-food sans véritable épaisseur. La deuxième soirée du Festival national de la musique rai, qui se tient depuis samedi au théâtre de verdure Hasni Chekroun à Oran, a confirmé la volonté des organisateurs de restituer, à ce genre, son essence de musique de terroir. Cette volonté s'est exprimée aussi bien sur le plan de la thématique que sur celui des influences musicales qui ont imprégné la soirée. Exit, le blues, le rap ou encore la «soul music», et bonjour au rai trad, au tempo saf et au bedoui des contrées du Dahra ou de l'Ouarsenis. Dans ce contexte, M.Hadj Meliani, commissaire du festival, ne manquera pas d'affirmer que le festival porte dans sa conception, une dimension identitaire. Même en ayant gagné une notoriété mondiale, le rai reste une musique du terroir qui doit, pour se ressourcer, revenir à ses origines. «Nous avons voulu, à l'occasion de cette édition, remonter aux sources de ce genre qui n'est devenu une musique «underground» qui s'inspire de la protest song des seventies que vers la fin du siècle dernier. A l'origine le rai chante l'amour, la bravoure, le courage, l'hospitalité. «El- hedda», «El-visa» et «Le téléphone portable» n'ont envahi les paroles des chansons que depuis l'apparition du phénomène de la mondialisation qui a généré une culture fast-food sans véritable épaisseur», dira-t-il. Les chanteurs qui se sont relayés durant la soirée de dimanche sur la scène du Théâtre de verdure ont tous usé du tempo saf, un genre musical très en vogue dans les Hauts-Plateaux et certaines régions de l'Ouest du pays, en usant à merveille du gallal. Aussi bien dans le style rai aâroubi (rai rural), le rai chikhate ou le bédoui, le son de cet instrument a dominé la musique. Et dans cet exercice, Amine Dahane qui a dirigé un orchestre composite a su donner le la pour distiller des sons purs, expurgés des grésillements synthétiques.