Constat n Elle ne travaille pas, fréquente moins les bancs de l'école que sa semblable des villes, n'a pas accès aux loisirs et divertissements, s'accommode de privations et doit faire face, par-dessus tout, aux préjugés et récriminations de la société. Il y a certainement du vrai dans ce cliché qui a fini par coller à la femme rurale. Reflète-t-il, pour autant, la réalité du vécu de la femme rurale algérienne en 2008 ? Au vu des statistiques disponibles, l'on est tenté de répondre par la négative. L'orientation générale de l'Algérie indépendante et les efforts qui s'en sont suivis, sont passés par là. Même s'il est évident que beaucoup reste à faire, notamment dans les contrées les plus reculées du pays, les avancées en matière de scolarité, d'accès à l'emploi et de l'émancipation d'une manière générale sont perceptibles et les chiffres le confirment. Une avancée qui, certes, distingue l'Algérie de nombreux pays en développement mais ne doit, en aucun cas, détourner l'attention de toute partie concernée (autorités, société civile, famille…) de la situation, encore désastreuse, que vivent certaines femmes, victimes qu'elles sont de leur propre ignorance et de celle de leur entourage. D'autant que la précarité de la situation économique constitue, de l'avis des spécialistes, un facteur aggravant de cette «plaie». C'est dire que le statut social actuel de ces femmes n'est pas tout à fait propice à leur émancipation. A ce titre, l'élévation du niveau général de formation est perçue comme une condition capitale pour libérer la femme rurale de cet isolement d'une part et, d'autre part, permettre de mieux approcher sa situation économique et sociale, ainsi que ses difficultés et aspirations. Toutefois, cet axe, même investi de façon soutenue, ne doit pas être mené uniquement en direction des jeunes filles et des femmes, mais également en direction des hommes, dont certains continuent à manifester une certaine résistance même au droit le plus élémentaire de leurs filles, qu'est la scolarité. Les aspirations des femmes rurales actuelles sont, incontestablement, différentes de celles de leurs aînées. Elles ont des connaissances, des perspectives et des priorités différentes. Alors qu'autrefois, l'univers des femmes se limitait à l'espace domestique et le travail de la terre, il tend aujourd'hui à se diversifier avec l'accès des femmes issues des zones rurales aux études supérieures et, par conséquent, aux postes de responsabilités. Mais, en dépit de cette avancée, on ne peut continuer à occulter la situation frustrante que vivent et subissent quotidiennement ces femmes qui, sous l'emprise des traditions souvent accentuées par l'archaïsme des mentalités refusant de céder la place au progrès, évoluent encore très lentement.