Evénement n Une réunion ministérielle s'est ouverte ce lundi à Genève, pour tenter de boucler presque sept années de négociations commerciales à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a convoqué, pour cette réunion de la dernière chance, 50 ministres de 35 pays au siège de l'institution pour une semaine de tractations destinées à sauver près de sept années de négociations sur la libéralisation du commerce mondial. Mais sans attendre l'ouverture formelle des discussions, l'empoignade Nord-Sud sur l'avenir du commerce mondial a repris de plus belle samedi. Les pays du Sud réclament une baisse des subventions aux agriculteurs des pays riches et les pays du Nord exigent, en échange, une ouverture accrue des marchés des pays émergents pour leurs produits industriels. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, a ouvert le feu, samedi, en comparant la stratégie des pays riches à celle de Goebbels, le chef de la propagande du IIIe Reich «Si l'on répète un mensonge plusieurs fois, cela devient la vérité». M. Amorim entendait ainsi démontrer que contrairement à leurs déclarations, les pays riches sont loin d'avoir fait des concessions suffisantes en matière d'agriculture. Ces propos ont été très mal reçus par la négociatrice américaine Susan Schwab, elle-même fille de survivants de l'Holocauste. «Au moment où nous essayons de trouver une issue favorable aux négociations, ce genre de propos est très malvenu», a déclaré son porte-parole, Sean Spicer. L'habituelle partie de ping-pong sur qui fera le plus de concessions a donc repris. Une centaine de pays en développement ont appelé les pays riches à agir en ce sens. «La plupart des paysans du monde vivent dans des pays en développement. Ils continuent à être frappés par d'énormes subventions qui faussent les échanges et par des barrières douanières prohibitives dans les pays développés», ont estimé ces Etats dans un communiqué diffusé à l'issue d'une réunion préparatoire. A Bruxelles, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a, au contraire, estimé que le cycle de négociations lancé en 2001 à Doha (Qatar) pouvait «être couronné de succès» si les partenaires de l'UE faisaient «une contribution majeure». Le ministre allemand de l'Economie, Michael Glos, a appelé, de son côté, les pays émergents à faire des concessions. «De grands pays émergents comme le Brésil, l'Inde et la Chine n'ont pas le droit de se retrancher derrière l'appellation pays en voie de développement», a-t-il asséné.