Cas n Depuis qu'on lui parle de la Tunisie, Salim, un cadre dans une entreprise publique, en rêve, mais il n'a jamais franchi le pas. Cet été, avec sa femme et ses deux fillettes, il a décidé de faire comme ses amis, prendre la route vers le pays voisin, non sans avoir auparavant, ratissé quelques agences de voyages pour étudier la meilleure opportunité en fonction de ses moyens et des économies qu'il a mis justement pour ce projet qui lui tenait à cœur. Seulement voilà, le préposé de l'agence, quelque part à Alger-centre, refroidit Salim en lui annonçant que tout était pratiquement complet jusqu'à la fin du mois d'août sur les sites qu'il voulait au prix qu'il espérait, du côté de Sousse, Monastir ou Hammamet. Toutefois, l'«agencier» avait un autre produit à proposer, mais dans un endroit que les Algériens fréquentent moins : l'extrême nord de la Tunisie, à Bizerte, à une soixantaine de kilomètres de la capitale Tunis. «C'est un hôtel trois étoiles de plus en All Inclusive *, de type village de vacances, l'idéal pour des vacances en famille», affirme, très sûr de lui, «l'agencier» qui joint le geste à la parole en montrant sur son ordinateur portable des images de cet établissement avec piscine et pied dans l'eau. Las de tourner en rond, et à 145 000 DA pour huit nuits et neuf jours, Salim accepte la proposition. Par un vendredi, la petite famille algéroise, composée du père, de la maman et des deux petites filles, pointe à Annaba peu après la prière. Le temps de casser la croûte puis de filer vers la wilaya d'El-Tarf en direction du poste frontalier d'Oum Tebboul, en passant par les différents lacs (Tonga, des Oiseaux...) et El-Kala et ses paysages de toute beauté, obligeant Salim à soupirer à haute voix : «Cette contrée est exceptionnelle, notre pays est très beau, mais que nous manque-t-il pour être au même niveau que les autres ou mieux, les dépasser ?» Son épouse le regarde sans prendre la peine de lui répondre, il a compris la signification de son silence. La verdure du parc d'El-Kala est majestueuse d'où le choix de ce passage, malgré les appréhensions que nourrissent nos compatriotes quant aux tracasseries qu'on rencontre à ce point précis des frontières et des longues attentes auxquelles on peut être confronté. Mine de rien, ce vendredi est vraiment leur jour de chance puisqu'il n'y a pas vraiment une foule exceptionnelle et le fait que les deux postes frontaliers (algérien et tunisien) soient en face l'un de l'autre, et tout neufs, cela a facilité les formalités de passage de part et d'autre. Salim et sa famille passent la frontière sans encombre et se dirige vers l'hôtel Les Aiguilles, un deux étoiles au centre-ville de Tabarka, pour passer leur première nuit en terre tunisienne. Le décor, lui, a subitement changé par rapport aux différents villages algériens traversés : plus de monde, de touristes qui déambulent, certains légèrement vêtus, des commerces animés et des hôtels affichant pour la plupart complet en cette haute saison où les prix ont, bien évidemment, sensiblement grimpé. Pour cette nuit, Salim a dû débourser 150 DT (l'équivalent de 8 000 DA) pour quatre personnes, petit-déjeuner compris.. «Vu la grande chambre, la salle de bains et tout le confort de ce simple deux étoiles, sans oublier la qualité du service, on n'aurait pas eu la même chose au même prix au bled», affirme madame à Salim.