Cinéma n Plusieurs films consacrés à l'environnement tiennent la vedette au festival de cinéma indépendant de Sundance (Utah, ouest). «Nous sommes en train de ravager la Terre. Nous devons réfléchir à la façon dont nous gérons nos ressources mais, plus important, à la façon dont nous traitons les gens», explique le réalisateur Joe Berlinger, dont le documentaire Crude raconte la lutte menée par des tribus équatoriennes contre le géant américain du pétrole Chevron. «En tant que société, nous remplissons nos réservoirs d'essence, mais nous ne réfléchissons pas à la question de savoir d'où viennent ces produits. Il est de notre responsabilité morale de savoir. J'espère que ce sera ce que les gens retiendront de ce film», poursuit M. Berlinger. Crude montre la vie de tribus d'Amazonie, qui semblent vivre une vie paisible. Mais peu à peu se révèle l'horreur : cet environnement est en fait empoisonné par des décennies de production pétrolière, avec des puits à ciel ouvert remplis de déchets toxiques. L'œuvre suit la procédure judiciaire, longue et fastidieuse. «C'est une histoire formidable de type David et Goliath», remarque M. Berlinger, selon qui «l'affaire va s'étaler sur des décennies. Entre-temps, des gens vont souffrir. C'est un chapitre honteux dans notre histoire». M. Berlinger, connu pour avoir réalisé le documentaire Some kind of monster qui relatait l'implosion du groupe culte de heavy metal Metallica, a tenu à produire une œuvre équilibrée, laissant longuement la parole aux défenseurs de Chevron. «C'est un film sur la procédure judiciaire. Je ne dis pas qui est coupable. Le film ne cherche pas à savoir qui est responsable. Je laisse chaque partie s'exprimer», insiste le réalisateur. Le combat judiciaire se double d'une guerre des relations publiques, chaque partie tentant de gagner les médias à sa cause. Le président équatorien Rafael Correa prend fait et cause pour les Indiens, qui trouvent aussi des alliés en les personnes du musicien britannique Sting et de son épouse Trudie Styler. D'autres films montrés à Sundance, festival entamé jeudi et qui se poursuit jusqu'au 25 janvier, reflètent une époque où la préoccupation pour l'écologie, et le militantisme vert, deviennent des faits de société majeurs ; Earth Days de Robert Stone s'intéresse ainsi au mouvement écologiste et à ses acteurs. Dû à Rupert Murray, The End of the Line traite de la surpêche dans les océans, tandis que dans la même veine mais avec un parti pris humoristique, Dirt! The Movie, signé Bill Beneson et Gene Rosow, montre comment les hommes sont en train de détruire les ressources naturelles. The Beekepers, pour sa part, évoque la disparition des abeilles, victimes de la dégradation de l'environnement, et mêle récits historiques, archives en noir et blanc et films contemporains, une narration artistique destinée à retenir l'attention des spectateurs. «Les abeilles nous disent ce qui se passe dans l'environnement», soutient le réalisateur, Richard Robinson, lui-même apiculteur, en rappelant que la disparition de ces insectes va «poser énormément de problèmes». «Les abeilles sont comme un tracteur pour les agriculteurs. Elles pollinisent les cultures et augmentent la production», dit-il. Le documentaire The Cove raconte quant à lui le massacre de mammifères marins au large d'un village japonais, mis en lumière par des militants écologistes parmi lesquels un acteur vu dans Flipper le dauphin, Richard O'Barry.