Mohamed Rahmani L'état des établissements scolaires à Annaba est déplorable et nécessite des interventions rapides des autorités locales, de la tutelle et des pouvoirs publics pour restaurer certains, en démolir d'autres et en construire de nouveaux. Les besoins en infrastructures éducatives sont énormes et augmentent sensiblement du fait de l'accroissement rapide de la population et de migrations internes. La réalisation d'établissements en nombre suffisant pour accueillir ce chiffre croissant d'élèves n'a pas suivi, car les services de la planification n'avaient pas pris en compte ces deux paramètres ainsi que les incidences de la réforme initiée par le précédent ministre de l'Education nationale. Il faut dire aussi que certains établissements vétustes et datant de l'époque coloniale menacent ruine et représentent un véritable danger pour les enfants, surtout des écoles primaires. Murs écaillés que traversent des fissures qui courent tout le long de l'édifice, fenêtres aux vitres brisées, mobilier scolaire dégradé et insuffisant, toilettes et lavabos qui ne fonctionnent plus avec, en plus, l'absence de chauffage, particulièrement dans les zones rurales enclavées, telle est la situation dans ces temples du savoir censés donner éducation et connaissances à nos enfants. Ainsi, 80 écoles primaires implantées dans la commune d'Annaba qui sont dans un état de décrépitude avancée ont donné lieu, il y a quelques mois, à un examen approfondi de la situation par l'Assemblée populaire communale (APC) pour prendre en charge, dans un premier temps, les cas les plus urgents, avant de programmer des interventions au niveau des autres établissements. Un diagnostic de la situation dans toutes les écoles primaires a été fait pour évaluer la situation et prendre les mesures adéquates aux fins de remédier aux carences constatées. Le vice-président de l'APC en charge de la commission des travaux et de l'aménagement avait établi une fiche technique des besoins de chaque établissement pour la présenter à l'assemblée, qui a décidé d'octroyer des crédits. Une enveloppe globale de 75 millions de dinars avait été dégagée pour la réhabilitation, l'entretien et l'acquisition d'équipements de chauffage pour 74 écoles sur les 80 concernées. Les priorités fixées ont trait aux travaux d'étanchéité et aux réparations urgentes qui doivent se faire pour que les enfants scolarisés puissent suivre leurs cours dans les meilleures conditions. D'un autre côté l'école Ibn Badis, située sur la rue éponyme à La Colonne, établissement qui tombe en ruine et dont l'entrée s'est effondrée récemment amenant la direction de l'éducation à décider sa fermeture et le transfert des élèves dans un autre établissement proche, a été totalement prise en charge par la Dlep qui a affecté 20 millions de dinars pour les travaux de réhabilitation et d'aménagement. 5 millions de dinars ont été consacrés à l'acquisition d'équipements de chauffage qui remplaceront les anciens, défectueux et devenus dangereux. Au mois de décembre de l'année dernière, la commission en charge de l'éduction au sein de l'APW avait établi un rapport alarmant sur la situation au niveau des établissements scolaires. Il y est fait mention de carences et d'insuffisances qui sont à l'origine des mauvaises conditions de scolarisation, ce qui influe négativement sur le rendement pédagogique. Manque d'eau potable, absence de portes pour les toilettes, infiltrations des eaux de pluies dues à l'absence d'étanchéité, inondations et aménagements sommaires ont été rapportés par les membres de ladite commission. Dans certaines cités populaires, la surcharge des classes a fait que celles-ci comptent plus de 40 élèves et ce nombre peut encore augmenter puisque de nouvelles cités ont été construites et livrées, ce qui implique de nouvelles inscriptions. Dans ledit rapport, on affirme que sur les 17 écoles qui devaient être construites dans les communes d'Annaba, Aïn Berda, Sidi Amar et Berrahal, 5 seulement sont en cours, il n'y a pas trace des autres alors qu'il y a urgence. Dans les collèges et les lycées, la situation est de loin meilleure, malgré quelques insuffisances relevées çà et là et qui concernent surtout le taux d'occupation des classes qui reste élevé, les établissements en construction n'ayant pas encore été achevés. Fort de 220 écoles primaires, 83 CEM, et 36 lycées, le secteur de l'éducation à Annaba ne s'est pas encore débarrassé des boulets qui le freinent et qui empêchent son essor. En effet, et en dehors des insuffisances et des déficiences citées plus haut, sur le plan pédagogique, la situation est pire et ne peut pas changer de sitôt. Si, en amont - et tout le monde le reconnaît- l'Etat dépense des milliards de dinars pour le fonctionnement et l'équipement des infrastructures affectées à l'éducation nationale, en aval il faut dire que le rendement est très en deçà des attentes, les résultats obtenus aux différents examens en témoignent. L'explication n'est pas à chercher loin : aux classes surchargées où sont «entassés» des élèves, il faut ajouter ces enseignants débordés et dépassés, ces directeurs d'établissement qui font quelques «apparitions» dans leurs bureaux (juste le matin) pour disparaître toute la journée et des inspecteurs incompétents qui passent une fois l'an pour justifier leurs salaires. M. R.