Elle le connaît assez bien du fait qu'elle a déjà travaillé au sein du Haut Conseil de l'éducation nationale et a été membre de la Commission Benzaghou chargée de la réforme du système éducatif. La dame a aussi effectué plusieurs recherches et études sur le sujet. Dans ses réponses, hier, à l'animatrice de l'émission, la première responsable du secteur de l'Education nationale a affirmé son soutien total pour la réforme engagée par Benbouzid, tout en avouant que celle-ci a été faite dans la précipitation et, selon ses propres termes, «en rangs dispersés». L'erreur dans la mise en œuvre de cette réforme réside, selon elle, dans le fait qu'elle n'a pas été suivie comme il se doit par les corps spécialisés et aussi par le manque de communication et de concertation. Partant de ce constat, elle s'engage à remédier à la situation, en faisant impliquer ceux qui y sont habilités : «Nous avons des cadres, des experts, des pédagogues qui sont en mesure d'assurer cet accompagnement.» Mme Benghebrit rassure aussi sur l'implication des représentants des enseignants, en l'occurrence les syndicats, ainsi que les associations des parents d'élèves : «Les représentants des enseignants et les parents d'élèves ont tout à fait leur place dans la réflexion engagée dans le but d'améliorer la qualité de l'enseignement et de l'école.» L'autre objectif étant d'agir sur la manière de réfléchir de l'élève. «Ce qui intéresse les parents, c'est de préparer l'enfant à la maîtrise des outils de la pensée. Amener les enfants à structurer leurs pensées.» Interrogée sur l'histoire du seuil, devenu un vrai problème dans le secteur, depuis son introduction en 2008, sous la pression des élèves, suite aux grèves à répétition et d'autres problèmes et dysfonctionnements dans les établissements du secondaire, Mme Benghebrit a reconnu que cela porte atteinte à la crédibilité du baccalauréat, mais que le coup est parti, du moins pour cette année encore. «Il est vrai que cela a des incidences et nous le constatons par le taux d'échec important en première année à l'université. La note obtenue au baccalauréat ne correspond pas à ce qui est attendu des nouveaux étudiants en termes de compétences et capacités.» Malheureusement, la chose est déjà faite et du moins pour cette année, il faudra continuer à travailler selon ce seuil. Ce dernier est de 80% selon l'ancien ministre. Il est de 80% à 95% selon Mme Benghebrit. Un chiffre qui paraît loin du réel, mais la représentante du gouvernement soutient que «ce seuil est le résultat d'un travail de recueil d'informations au niveau des établissements, assuré par les services du ministère. Les élèves doivent l'appliquer. Certains pourraient dire que ce chiffre ne reflète pas la réalité du terrain, je répondrai par le taux élevé d'absentéisme des élèves. Quand un élève s'absente, il est normal qu'il dise qu'il n'a pas assisté à tel ou tel cours». La nouvelle ministre défend la réforme Benbouzid et le travail de Baba Ahmed : «Le travail qui a été fait est gigantesque. J'étais ébahie par ce que j'ai constaté. Beaucoup de moyens humains, matériels et financiers ont été mobilisés pour le bon déroulement des examens.» Elle juge toutefois qu'une réforme de ces examens s'impose d'elle-même. «Il s'agit d'ouvrir le dossier, réfléchir à d'autres modalités. Ouvrir des perspectives sur la fiche de synthèse, par exemple. Peut-être même organiser des épreuves anticipées. Des propositions seront faites dans ce sens avec nos partenaires qui sont les syndicats du secteur et les associations des parents d'élèves ainsi que les pédagogues.» Par ailleurs, indique la ministre qui, à l'occasion, plaide pour «la réhabilitation de l'autorité», un projet de plan d'action a été soumis au gouvernement. Il sera bientôt présenté à l'APN et au Conseil de la nation. K. M.