Débat ■ A trois semaines seulement des examens de fin d'année, la question du seuil des programmes concernés par ces examens de fin d'année continue d'être objet de polémique et de controverse. Pour la nouvelle ministre de l'Education qui intervenait ce lundi matin sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, ce seuil est fixé entre 85 et 95 %. «Ce qu'il faudrait absolument affirmer c'est que la question du seuil part de l'idée qu'il faille examiner les élèves sur ce qui a été réellement enseigné. Et quand le ministère fixe officiellement aujourd'hui le seuil, c'est le résultat de tout un processus de recueil d'informations depuis les réalisations au niveau de la classe jusqu'à l'élaboration d'une moyenne au niveau des wilayas par disciplines puis de nouveau à l'échelle nationale», a affirmé Nouria Benghebrit. Le seuil instauré depuis 2008, semble s'installer définitivement. En finira-t-on un jour ? «Le seuil avait été dicté par des conditions particulièrement dures que sont les grèves ayant caractérisé le secteur de l'éducation cette année-là. Il avait coïncidé également avec la première version de la réforme. Beaucoup de dysfonctionnements à l'époque en sont également à l'origine», a rappelé la ministre. En 2008, a-t-elle expliqué, les enseignants et inspecteurs découvraient de nouveaux programmes à chaque rentrée. Et d'ajouter : «Ils n'avaient pas le temps de s'approprier la nouvelle démarche.» Il y avait, en fait, à ses dires, l'angoisse des enseignants transmise aux élèves et à leurs parents. «Si en 2008, la question était jouable, au jour d'aujourd'hui, le dossier est ouvert», a promis Nouria Benghebrit. «Pour l'avenir, il est absolument essentiel qu'on puisse réfléchir à une réforme des examens scolaires», a-t-elle indiqué. Plus explicite, la ministre de l'Education nationale a assuré dans ce sens que la réforme des examens scolaires porte sur l'ouverture du dossier sur d'autres perspectives telles que la fiche de synthèse et peut-être des épreuves anticipées «avec à l'écoute, bien évidemment, de tous les partenaires, les syndicats des enseignants en premier lieu ainsi que les pédagogues». Selon elle, il est également question de réfléchir à d'autres modalités. La ministre a en outre estimé que le seuil s'est négativement répercuté sur le bac lequel a perdu de sa valeur et est devenu pour certains «à la carte». «Je crois, sans démagogie aucune, que fixer le seuil a des incidences sur le bac. Cela est constaté par le taux d'échec important en première année à l'université. La note ne correspond plus en fait à ce qui est attendu en terme de compétences et de capacités. C'est devenu une machine à répétition», a-t-elle regretté. A partir d'une projection sur l'avenir, préconise l'invitée de la radio, «on pourrait corriger les distorsions, tirer profit des derniers enseignements et réhabiliter l'autorité à partir d'un débat constructif». Evoquant les réformes engagées dans l'Ecole algérienne depuis dix ans, la ministre a estimé qu'il est temps d'entrer maintenant dans l'évaluation. «Car, a-t-elle ajouté, je l'avoue en tant que chercheur avant d'occuper ce poste de ministre de l'Education, cette réforme avait été engagée en rangs dispersés.» Un plan d'action pour une refonte pédagogique Nouria Benghebrit a affirmé qu'un projet de plan d'action portant sur la refonte pédagogique, la ressource humaine et la gouvernance, a été soumis au gouvernement, précisant que son contenu a été préparé en tenant compte des «ajustements et révisions imposés par le terrain et les évolutions de la société». Interrogée sur ses priorités imminentes, Mme Benghebrit a cité «la mise en œuvre dans l'apaisement des examens de fin d'année qui sont véritablement la résultante d'un effort gigantesque aussi bien par les élèves que les parents». «Nous avons le devoir de réussir ces épreuves et de ne pas stresser ou angoisser les élèves», a-t-elle dit.