Un ministre est fondamentalement un animateur. La bonne connaissance de son secteur, le sens développé de l'organisation, la maîtrise de la communication et la prédisposition à l'échange et au débat sont autant de qualités nécessaires à tout membre du gouvernement qui compte vraiment réussir dans sa mission. L'enjeu consiste à rassembler toutes les bonnes énergies autour d'un projet commun, clairement défini. La nouvelle ministre de la Culture a, à priori, de solides atouts à faire valoir dans ce registre. Sa nomination a eu des échos positifs dans les milieux culturels et parmi les artistes algériens. Titulaire d'un doctorat en arts du spectacle (option études cinématographiques) et ayant occupé de hautes fonctions dans cette filière du cinéma (Anaf, Caaic), Nadia Labidi a manifestement la compétence requise et la connaissance nécessaire pour bien diriger son département. Etant elle-même cinéaste et promotrice dans ce domaine, elle doit connaître aussi les difficultés, les contraintes et les frustrations des acteurs du secteur. Une proximité vécue avec les créateurs et les artistes à même de lui faciliter le contact et l'ouverture de canaux de dialogue avec les intéressés. Egalement diplômée en sociologie et en sciences de la communication - elle est professeur à la Faculté des sciences de l'information et de la communication de l'université Alger III-, ce qui suppose une aptitude à une meilleure gestion de ce volet sensible et une capacité à lever les malentendus et les mésententes dans ses rapports avec divers partenaires. À lumière de cet examen sommaire de son riche CV, on se dit qu'elle satisfait à toutes les conditions énumérées précédemment. Elle incarne ce qu'on appelle une technocrate. Maintenant, il reste à mettre tout ce bagage intellectuel à l'épreuve du terrain. Malgré les avancées notables enregistrées sous la direction de celle qui l'a précédée au poste, notamment en matière d'infrastructures et d'animation de la scène culturelle, les attentes des professionnels et du grand public restent conséquentes. Khalida Toumi (2002-2014), en dépit des critiques qui lui sont faites, a relativement réussi à redynamiser un secteur qui était carrément agonisant. Sans magnifier ce qui a été fait (équipements, manifestations internationales, festivals, aide à la production, sauvegarde du patrimoine, protection de la propriété intellectuelle et animation), ni s'étendre sur les insuffisances enregistrées au cours des douze dernières années, le bilan reste globalement correct. Consciente de cette réalité, la nouvelle patronne du secteur de la culture n'a pas omis de souligner l'importance du «travail énorme» accompli par l'équipe sortante, en se promettant de «donner du sens à tout ce qui se fait et se fera » dans ce domaine. À son installation dans ses nouvelles fonctions, Nadia Labidi a fortement exprimé sa disposition à œuvrer dans ce sens avec les cadres en place, en tendant, en même temps, la main aux porteurs de nouvelles idées. On l'aura remarqué, pour une entrée en matière c'est une communication efficiente. Reste maintenant à agir pour répondre aux multiples attentes exprimées en matière d'infrastructure, de développement de divers segments d'activité et de prise en charge des doléances des professionnels du secteur. En gros, il s'agit de mettre en place une politique cohérente en partenariat avec tous les acteurs concernés. Pour cela, Mme Labidi a déjà la considération de ses vis-à-vis. Le grand public et les acteurs culturels croient en sa capacité à faire du bon boulot. Elle a, à ce propos, une lourde responsabilité sur les épaules. K. A.