La réponse favorable du FFS réservée à l'invitation dont il a été destinataire, a certainement contribué, a priori, à donner plus de crédibilité à ces consultations, que la majorité des partis de l'opposition ont boycottées. Mais pour le plus vieux parti d'opposition, la rencontre en soi ne constitue pas une finalité. C'est ce que le FFS explique dans une déclaration publiée sur le site du parti, dans laquelle il précise les raisons l'ayant amené à répondre favorablement à la demande qui lui a été adressée. Le FFS, qui en remercie M. Ouyahia, a indiqué que la 1re raison de sa décision est liée à la volonté de dialogue qui a toujours animé le parti et son président, Hocine Aït Ahmed, depuis la création du FFS en 1963. La deuxième raison, tient lieu de l'objectif de réaliser un consensus national entre les acteurs politiques, le pouvoir, l'opposition et la société civile, en exprimant la conviction que «la reconstruction de ce consensus national est possible aujourd'hui». La troisième raison, est le devoir patriotique «de témoigner et d'alerter le pouvoir sur le danger que court le pays pour son unité, son intégrité territoriale, sa sécurité, ses ressources et l'avenir des futures générations si des changements urgents, impératifs et vitaux ne sont pas initiés dès à présent (...)». Quant à la 4e raison, elle consiste en la fidélité au juste combat historique de son président, Hocine Aït Ahmed, de construire une Algérie libre et démocratique, en rappelant également que «la tentative d'élaborer une Constitution en 1963 par une Assemblée constituante n'ayant pas abouti, l'objectif demeure et reste à concrétiser». Le FFS estime toutefois nécessaire de clarifier sa position, en souhaitant que sa démarche «ne soit pas interprétée comme une caution au processus de révision constitutionnelle», car «l'élaboration et l'adoption de la Constitution doivent émaner du peuple et de ses représentants légitimes», a précisé le parti. Et d'estimer que «la rédaction d'une nouvelle Constitution devrait intervenir non pas avant mais au terme de ces consultations». En se gardant, aussi, d'apporter un jugement de valeur sur les révisions proposées, le FFS n'a pas été non plus porteur de propositions d'amendements, mais la direction du parti s'est dite porteuse des «doléances, pour ne pas dire de la colère de nombreux citoyens dans le pays», pour exprimer la profonde préoccupation de la population sur l'avenir de nos ressources pétrolières, gazières, hydriques et solaires, et pour lancer un cri d'alarme parce que le phénomène de la corruption se généralise à tous les niveaux de la société, ainsi que pour interpeller sur les engagements non tenus du pouvoir d'instaurer un Etat de droit, respectueux des libertés individuelles et collectives et de démocratiser les institutions. Aussi, est-il ajouté : «Nous sommes en même temps venus pour rassurer le système que notre souhait de reconstruire un consensus national pour le changer pacifiquement, ne vise pas à porter atteinte à l'administration nationale et locale (...), mais au contraire à la consolider.» «N'ayez donc pas peur du changement, il ne sera pas fait contre vous mais avec vous», a lancé encore le FFS. Ce faisant, la déclaration fait état de la préparation de la conférence du consensus national incluant la participation du système, à travers ses représentants dans les partis politiques et les organisations gouvernementales, aux côtés des autres acteurs politiques de l'opposition et de la société civile. Et de préciser que «le rôle du FFS se limite à celui de facilitateur et de catalyseur». Ould Kablia pour un «équilibrage» des attributions entre le Président et le Premier ministre Ayant été reçu à son tour, le président de l'Association des anciens du Malg, Dahou Ould Kablia, a plaidé pour un «équilibrage» des attributions entre le président de la République et le Premier ministre, dont les missions devraient être «codifiées dans la Constitution et précisées», mais aussi «émis des réserves sur la réconciliation nationale et la parité sur laquelle nous avons demandé un peu plus d'explications», a-t-il dit. M. Ould Kablia a indiqué aussi avoir fait des propositions en ce qui concerne «la décentralisation et la protection de l'environnement», et proposé la création d'un Conseil supérieur de Défense, qui «assiste le président de la République et les responsables directs sectoriels de la Défense nationale à mieux définir la politique nationale du pays», a-t-il dit. Il a indiqué avoir suggéré la création d'institutions consultatives consacrées par la Constitution comme un Conseil supérieur de l'énergie, un Conseil supérieur des langues et un Conseil supérieur de l'environnement, de même qu'il a plaidé en faveur de la constitutionnalisation du Conseil national économique et social (Cnes). M. Ould Kablia s'est dit, enfin, convaincu que la nouvelle Constitution «va ouvrir la voie à une République nouvelle qui se projettera dans l'avenir et qui permettra d'édifier le pays dans le sens qui a été voulu par les moudjahidine et en particulier par les chouhada qui ont payé de leur vie la liberté et l'indépendance retrouvées de l'Algérie». SNM : des mécanismes pour l'indépendance de la justice Le Syndicat national des magistrats a proposé, pour sa part, de nouveaux mécanismes pour concrétiser l'indépendance du pouvoir judiciaire, relatifs notamment à son autonomie financière et sa composition. Le président du Syndicat national des magistrats, Djamel Aïdouni, a relevé, à ce propos, que ces mécanismes permettront au Conseil supérieur de la magistrature d'avoir une «indépendance totale» par rapport au pouvoir exécutif, notant que les débats ont été essentiellement axés «sur le principe de séparation entre les pouvoirs notamment concernant le pouvoir judiciaire». «Nous avons aussi fait des propositions relatives aux libertés individuelles», a-t-il dit, soulignant avoir suggéré de constitutionaliser le fait que l'interdiction de sortie du territoire ne pourra plus être prononcée que par la justice. R. I.