Le gouvernement ne veut pas en démordre. Il persiste et signe pour maintenir la criminalisation du phénomène des harraga, qualifié d'immigration clandestine. Le garde des Sceaux qui représente l'Exécutif, puisque c'est lui qui a présenté le projet d'amendement du code pénal, a rejeté les amendements déposés par certains députés, lesquels ont dénoncé la criminalisation, expliquant qu'au lieu de jeter ces jeunes en prison, il fallait plutôt leur ouvrir des perspectives. L'une des dispositions introduites dans le projet est l'article 175 bis qui prévoit, dans son dernier alinéa, jusqu'à six mois de prison ferme pour ceux des Algériens qui se risqueraient à emprunter une quelconque embarcation pour arriver à l'autre rive de la Méditerranée. Ainsi et en dépit de toutes les oppositions émanant aussi bien des associations, des juristes, des avocats, des sociologues que des parlementaires, à propos de cet article, le gouvernement soutient mordicus que c'est là la meilleure manière de dissuader les «aventuriers». Il semblerait que même la voix de Me Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion des droits de l'Homme, n'a pas de poids. Lui qui s'est indigné à plusieurs occasions contre ce projet. D'autres voix se sont élevées également exigeant que ce soit les passeurs et non pas les jeunes qu'il fallait incriminer. Cependant, si le gouvernement tient à son texte, il est pour le moins désolant que la commission juridique aille jusqu'à se substituer à l'Exécutif en rejetant tous les amendements proposés. En revanche, et concernant le trafic d'organes, ladite commission a maintenu les peines proposées par le garde des Sceaux. Des peines jugées très légères par les auteurs des amendements proportionnellement au crime commis. Surtout que l'on sait que beaucoup de kidnappings et rapts d'enfants ont pour but l'extraction des organes aux fins de les vendre à des sommes mirobolantes, y compris à l'extérieur de nos frontières. Un phénomène qui a pris des proportions alarmantes même si pour le moment aucune statistique n'est encore disponible, mais dont les autorités ne semblent pas mesurer les conséquences. Ainsi, il n'est pas exclu que le projet d'amendement du code pénal soit adopté tel que proposé par Tayeb Belaïz au nom du gouvernement. Un projet qui risque, en tout cas pour les harraga, d'exacerber le phénomène. Car, faut-il le souligner, ce n'est pas en les enfermant que le problème sera résolu. Il s'agit plutôt de chercher à savoir pourquoi ces jeunes et même moins jeunes risquent leur vie dans l'espoir d'un avenir meilleur. Le chômage et le mal-vivre ne constituent certainement pas les seules raisons. Une soif de liberté de pensée et de mouvement, d'un meilleur avenir figure parmi les motivations de ces citoyens. Les députés auront également à voter, et ce avant la clôture de cette session d'automne le 30 janvier, le projet de texte relatif à la protection du consommateur et à la répression des fraudes. F. A.