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«Zéro faim, véritable objectif de la FAO»
Le DG de l'organisation onusienne José Graziano da Silva, affirme :
Publié dans La Tribune le 18 - 10 - 2014

Le thème de la Journée internationale de l'alimentation 2014, «L'agriculture familiale : nourrir le monde, préserver la planète», a été choisi pour accroître la visibilité de l'agriculture familiale et des petits exploitants. Il appelle l'attention mondiale sur le rôle crucial que joue l'agriculture familiale dans de nombreux domaines : lutte contre la faim et la pauvreté, renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, amélioration des moyens d'existence,
gestion des ressources naturelles, protection de l'environnement et réalisation du développement durable, notamment dans les zones rurales.
L'Assemblée générale des Nations unies a fait de 2014 l'Année internationale de l'agriculture familiale, soulignant par-là que la communauté internationale
reconnaît l'importante contribution des petits exploitants à la sécurité alimentaire mondiale, explique l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) sur son site web.
Sans être alarmiste, le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, dans son discours à l'occasion de cette journée, indiquera toutefois qu'il reste encore des défis à relever, et qui peuvent l'être, soulignera-t-il. «Comme les nouveaux chiffres de la faim le montrent, nous avons fait des progrès contre la faim, mais il reste encore plus de 800 millions de personnes sous-alimentées. Nous pouvons encore atteindre l'OMD-1 de réduire la proportion de la sous-alimentation de moitié entre 1990 et 2015, si nous intensifions nos efforts. Nous devons le faire. Et utiliser la dynamique de croissance pour s'engager et agir pour éliminer la faim. Zéro faim. C'est notre véritable objectif. Et l'agriculture familiale est un élément clé dans cet effort», dira M. José Graziano da Silva.
Pour expliquer l'importance de cette agriculture familiale et la raison pour laquelle elle est intégrée comme thème axial dans la journée internationale de l'alimentation, le DG de la FAO indiquera qu'il n'y a pas moins de 500 millions d'exploitations familiales dans le monde, soit plus de neuf exploitations sur dix sont des fermes familiales, qui produisent des aliments frais et sont à la base des chaînes d'approvisionnements alimentaires importants tels que le lait, la volaille et la production de poissons. «Cependant, dans le même temps,
de nombreux agriculteurs de ces exploitations, notamment des producteurs de subsistance, font partie des 70% de la population souffrant d'insécurité
alimentaire dans le monde, qui vit dans les zones rurales. En tant que tel, les exploitations familiales illustrent les cas de l'agriculture de succès, mais aussi de la pauvreté rurale», dira le responsable de l'organisation onusienne qui rappellera que les agriculteurs de ces exploitations familiales sont un groupe très diversifié, qu'il n'y a donc pas de taille unique ni donc d'approche unique pour les soutenir. Ils ont besoin d'un ensemble de politiques qui leur permettent de s'adapter et de s'épanouir... «L'agriculture familiale est un élément clé des systèmes alimentaires sains dont nous avons besoin pour mener une vie plus saine. Cette centralité vient d'être reconnue dans les documents issus de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition, ICN2. Ils ont été approuvés par consensus et finalisé par le Groupe de travail formé par près de 200 Etats membres de la FAO et de l'OMS [...]. Cela signifie que maintenant la nutrition est clairement reconnue comme un bien public et une question d'intérêt public», soutient M. Da Silva.
A ce titre, la FAO est prête à jouer un rôle de premier plan dans l'effort pour garantir cette alimentation de qualité et aider les pays à mettre en œuvre le cadre d'action nécessaire. «Nous sommes prêts à le faire parce que la nutrition est au cœur du mandat de la FAO. Nous travaillons ensemble pour forger l'avenir sans faim durable que nous voulons», dira-t-il.
Dans un message lu par le représentant résident de la FAO en Guinée, Isaias Angue Obama, le Directeur général de l'organisation revient sur les réalisations et les avancées accomplies ainsi que les défis en attente. «La lutte contre la
faim progresse dans le monde entier cependant, beaucoup reste encore à faire dans ce domaine au vu de quelque 805 millions de personnes qui n'ont
toujours pas suffisamment à manger», écrit-il. 63 pays en développement ont déjà atteint l'Objectif du Millénaire pour le développement : réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de personnes souffrant de sous-alimentation chronique. Le parcours de ces pays nous enseigne que, si l'on veut gagner la guerre contre la faim, un engagement politique, une approche globale et une participation de l'ensemble de la société sont des éléments indispensables.
Partout dans le monde, les exploitations familiales jouent un rôle essentiel sur les plans socioéconomique, environnemental et culturel. Malgré les graves problèmes rencontrés, ce rôle doit être valorisé et renforcé au moyen de l'innovation. Consciente de cet enjeu, l'Organisation des Nations unies a
proclamé 2014 «Année internationale de l'agriculture familiale». Cette année, la Journée mondiale de l'alimentation rend hommage à la contribution qu'apporte l'agriculture familiale à la sécurité alimentaire et au développement durable : les agriculteurs nourrissent le monde et prennent soin de la terre. Ces agriculteurs sont les principaux gardiens de nos ressources naturelles. En tant que secteur, l'agriculture familiale est le premier employeur de la planète, elle fournit plus de 80% de la nourriture mondiale.
La production, la commercialisation et la consommation de produits alimentaires ont connu de profonds changements ces dernières décennies. Au cours de cette période, la productivité agricole a augmenté de façon spectaculaire, grâce notamment aux progrès scientifiques et technologiques. La population mondiale, qui ne cesse de croître et qui est de plus en plus urbanisée, dépend d'une
alimentation produite par un pourcentage d'agriculteurs plus faible qu'il ne l'était au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. Le marché des produits
agricoles et alimentaires s'est mondialisé, mais l'alimentation de la grande majorité de population repose essentiellement sur quatre produits de base.
Il faut dont adapter l'agriculture familiale à l'innovation. En effet, les exploitations familiales doivent faire preuve d'innovation concernant les systèmes agricoles qu'elles utilisent ; les pouvoirs publics doivent faire preuve d'innovation s'agissant des politiques qu'ils mettent en œuvre pour soutenir l'agriculture familiale ; les organisations de producteurs doivent faire elles aussi preuve d'innovation pour mieux répondre aux besoins des exploitations familiales, et, enfin, les institutions de recherche et de vulgarisation doivent faire preuve d'innovation en passant d'un processus axé sur la recherche et sur le transfert de technologie à une approche qui
récompense les agriculteurs eux-mêmes.
En outre, l'innovation sous toutes ses formes doit être un levier d'insertion pour favoriser la participation des agriculteurs à la production, aux échanges et à l'utilisation des connaissances, afin qu'ils aient la maîtrise du processus, qu'ils tiennent compte à la fois des avantages à saisir et des risques encourus.
De toute évidence, les agriculteurs familiaux doivent produire suffisamment de nourriture non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour les autres ruraux et pour la population urbaine. Ils doivent également en tirer un revenu qui leur permette d'acheter non seulement des intrants agricoles mais aussi de mener
une vie décente notamment de financer l'éducation de leurs enfants, la santé et d'autres besoins.
Le renforcement de l'agriculture familiale profite à tous : des disponibilités alimentaires plus importantes se traduisent localement par une plus grande sécurité alimentaire et par la possibilité de produire de la nourriture pour les marchés locaux ou d'acheter de la nourriture dans ces mêmes marchés. Cela signifie des repas composés d'aliments plus frais et plus sains, qui respectent la production locale et valorisent les produits locaux. On pourrait aussi évoquer, par exemple, les liens entre la production locale et les repas scolaires ou encore la promotion d'entreprises capables de soutenir une production agricole en expansion.
Il convient d'accorder une attention particulière aux femmes et aux jeunes dans le cadre des efforts concertés visant à promouvoir une croissance économique écologiquement viable et propice à l'intégration sociale. Les femmes jouent un rôle essentiel, qui n'est pas toujours apprécié à sa juste valeur, à tous les stades du système alimentaire. Elles participent à la production agricole, à la
commercialisation et veillent aussi à nourrir convenablement leur famille. Dans le même temps, il faut enrayer l'exode des jeunes ruraux, souvent obligés d'aller voir ailleurs lorsqu'ils souhaitent améliorer leurs conditions de vie.
Nous devons créer les conditions qui permettent à ces jeunes d'envisager une vie prometteuse en milieu rural riche en opportunités, grâce notamment à des programmes de formation qui pourraient contribuer à développer leur esprit
d'entreprise.
Alors que l'échéance fixée pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement se rapproche à grands pas, nous devons œuvrer ensemble en vue de créer l'avenir auquel nous aspirons : un avenir dans lequel la faim n'aura pas sa place. Les agriculteurs familiaux sont des acteurs de cette
mobilisation.
H. G.
Source : FAO et guinee7.com


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