Nasser Hannachi L'Association des femmes journalistes du Constantinois (AJC) a organisé, samedi dernier à l'hôtel El Hocine, dans la nouvelle ville Ali-Mendjeli, une journée d'étude sur «la situation socioprofessionnelle du journaliste et le code de l'information». La rencontre aura permis de (re)décortiquer le nouveau code de l'information ainsi que les conditions de travail des journalistes. Plusieurs conférenciers se sont relayés chacun abordant un chapitre précis, dont la batterie de lois mise en place ainsi que la question de la carte de journaliste professionnel. Parmi les intervenants qui ont pris la parole, on citera le chargé des médias et de la presse écrite au ministère de la Communication, M. Doudène, un membre de la commission provisoire de délivrance de la carte de journaliste professionnel, Idir Dahmani (journaliste), le docteur Bouchoucha de l'université de Constantine, le magistrat A. Heboul, le directeur du quotidien An Nasr, Larbi Ouanoughi, et la représentante de Comet info, Nora Beldjoudi. A l'ouverture de la rencontre, la présidente de l'AJC, Ilhem Tir, dira que cette journée d'étude «est plus qu'impérative pour mettre la corporation locale et régionale au diapason des textes et lois consignés dans le nouveau code l'information». D'emblée, les débats s'orienteront sur la situation des correspondants de presse qui travaillent dans des conditions précaires, sans couverture sociale. Certains ignorent même leur droit de revendiquer leur déclaration à la Sécurité sociale, comme l'exige la réglementation en vigueur. Dans ce sillage, on apprend que, selon un état des lieux à travers la wilaya de Constantine basé sur un questionnaire soumis à une centaine de journalistes correspondants de la presse écrite et de l'audiovisuel, les chiffres, observations et indications des sondés révèlent une situation des plus critiques. La vice-présidente de l'association, Moza Daghiche (journaliste à l'APS), fera part de la nature du formulaire, qui a traité de divers aspects de la pratique journalistique, allant des années d'expériences à la rémunération, en passant par le type du contrat qui lie le journaliste à son employeur. La conclusion n'est pas reluisante : «La situation socioprofessionnelle du journaliste et correspondant de presse à Constantine demeure, à bien des égards, en deçà des attentes. Les avancées et les acquis du secteur de la communication dont on parle sont encore loin de chambouler la configuration du champ médiatique à Constantine.» «Certains journalistes et correspondants de presse exerçant dans la presse écrite disent être ‘‘contraints'' de travailler aussi pour la chaîne TV du même organe de presse pour un seul salaire», ajoutera Mme Daghiche. S'agissant des rémunérations, selon cette enquête, la vice-présidente indiquera que «50,66% des interviewés affirment percevoir plus de 22 000 dinars comme salaire mensuel. 36% ont coché la case entre 18 000 et 22 000 dinars. 10,66 disent avoir un salaire de 18 000 dinars par mois. 2,66% ont indiqué que leur salaire est inférieur à 18 000 dinars». En ce qui concerne les contrats de travail, 56% des questionnés ont répondu avoir un contrat à durée indéterminée (CDI) contre 34,66% pour le contrat à durée déterminée (CDD), alors que 9,33% travaillent sans papier... Par ailleurs, il est noté que 69,33% des journalistes travaillent dans des médias du secteur privé, contre 30% dans le secteur public. Constantine compte une cinquantaine de titres de presse et six chaînes de télévisions privées avec des équipes permanentes. Concernant la mise en place de la commission provisoire chargée de la délivrance de la carte de journaliste professionnel, elle a été soumise à une lecture juridique très pertinente. Le débat se caractérisera par la controverse, notamment après le décryptage du nouveau code l'information que fera M. Heboul. Le juriste n'ira pas par quatre chemins pour dire carrément que la commission installée à cet effet est illégale. «C'est aux responsables des organes de presse de discuter des étapes précédant la délivrance de cette carte au profit de leurs journalistes respectifs. L'administration devra uniquement apposer son visa à travers la commission. Elle doit jouer le rôle d'un observateur et non d'une partie à part entière dans la procédure elle-même. C'est anticonstitutionnel», soutient le juriste. Et d'étayer son propos : «En plus, on parle de ‘‘provisoire''. Cela impliquera systématiquement la révision du contrat de travail qui doit être ramené à deux années, donc un CDD.» Dans un autre chapitre, le directeur d'An Nasr a appelé la corporation à défendre ses droits et à les arracher, au lieu d'attendre qu'on les lui apporte. M. Ouanoughi ne manquera pas de fustiger les responsables qui exploitent leurs journalistes, les payent mal et les usent sans la moindre compensation. Il est des cas où les journalistes sont confrontés à des situations bien compliquées et lorsqu'ils réclament leurs droits, c'est sans ménagement et sans scrupules que leur employeur les fera payer pour avoir osé demander leurs droits, dénonce le responsable du quotidien constantinois qui décochera un dernier trait en déclarant qu'il est «inconcevable que les premiers concernés par cette journée ne se soient pas présents à ce rendez-vous... C'est irresponsable quelque part». D'autres questions seront abordées au cours de cette journée, notamment la nécessité de la formation continue au profit des journalistes. N. H.