Depuis début juillet, juste avant l'agression lancée par l'armée israélienne sur la bande de Ghaza, El-Qods était déjà en proie à des émeutes régulières entre Palestiniens et les forces d'occupations israéliennes. Le prétexte du lancement de l'agression contre la population de Ghaza avait été l'enlèvement présumé en Cisjordanie de trois juifs, dont les corps ont été retrouvés après trois semaines. En guise de vengeance : l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif par les colons protégés par l'armée. Depuis, la tension n'est jamais retombée. Le 22 octobre des échauffourées ont éclaté dans différents quartiers arabes de la ville sainte, près de l'esplanade des Mosquées et surtout à Silwan, en contre-bas de la vieille ville. Les provocations des extrémistes israéliens protégés par l'armée se sont multipliées et les vexations et humiliations des militaires occupants sont devenues insoutenables. Le président, Mahmoud Abbas appelle les Palestiniens à défendre par «tous les moyens» Al-Aqsa contre les visites de juifs orthodoxes provocateurs. Une troisième intifadha n'est pas à écarter. Tous les ingrédients sont réunis pour l'éclatement de la colère des Palestiniens contre l'abjection coloniale qui n'a que trop duré. Les habitants arabes de la ville sainte, soumis à des persécutions et des vexations quotidiennes de la part de l'occupant israélien, ont décidé de réagir. Les Palestiniens sortent dans les rues pour affronter la police, l'armée, les colons et les militants sionistes. Les incidents se comptent par dizaines. L'accès au lieu saint a été interdit par les Israéliens faisant monter la tension à son comble. Avant de se raviser et permettre l'accès avec parcimonie. Cependant le grignotage des terres se poursuit, sans gêne. «Nous avons construit et nous continuerons à construire», a déclaré sans vergogne le Premier ministre israélien défiant la légalité internationale. Des déclarations d'une grande gravité mais qui ne feront pas réagir les tenants de l'ordre mondial. Les Etats-??Unis condamnent mollement les projets de construction annoncés officiellement par les Israéliens. «Nous considérons les activités de colonisation illégitimes et nous nous opposons sans équivoque à toute décision unilatérale qui fait du tort à l'avenir», déclare le département d'Etat. «Ce type d'action serait incompatible avec les efforts de paix», ajoute-t-il. L'Union européenne, quant à elle, demande à Israël de «revenir d'urgence» sur l'intention d'accélérer la construction des logements à El-Qods, jugeant que cela serait «une décision peu judicieuse et inopportune». «Cela ferait une nouvelle fois douter de l'engagement d'Israël en faveur d'une solution négociée avec les Palestiniens», rappelle la porte-parole de l''UE. Des paroles, que des paroles, sans effets sur le terrain encore moins sur le plan diplomatique. L'Union européenne avait déjà condamné début octobre l'aval donné à un projet de construction de 2 610 logements dans une colonie d'El-Qods. Sans résultat. Israël est bien au dessus du droit international. Seulement des déclarations de réprimande teintées d'extrême prudence envers le dernier Etat colonial qui piétine de façon ostensible le droit international. Cette situation d'injustice internationale ne donne aucun choix pour les Palestiniens qui seront obligés d'opter pour la lutte pour arracher leurs droits, comme l'avaient fait les peuples qui se sont extraits de la colonisation. Aujourd'hui les Palestiniens sont décidés à défendre par tous les moyens possibles leur cause malgré l'injustice internationale qu'ils subissent. Le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a affirmé que les Palestiniens envisagent désormais d'accélérer leurs démarches auprès du Conseil de sécurité de l'ONU. Lesquelles démarches leur permettraient de soumettre un projet de résolution fixant une date précise à la fin de l'occupation israélienne. Et aussi leur adhésion à la Cour pénale internationale «car toutes les décisions du gouvernement de Benjamin Netanyahu sont des crimes de guerre». Le projet de résolution en question demande «le retrait complet d'Israël, puissance occupante, de la totalité des territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris El-Qods-Est occupée, aussi vite que possible, et que ce soit réalisé en vertu d'un calendrier spécifique n'allant pas au-delà de novembre 2017». La bataille sera évidemment très rude. Les alliés de l'Etat colonial feront tout pour entraver l'avancée des Palestiniens et faire perpétuer le fait accompli. Mais la justesse de la cause constituera indéniablement l'arme absolue. M. B.