«Le CHU est en passe de vivre sa privatisation à cause des intérêts des uns et les égos des autres», alerte le wali, Hocine Ouadah, en préambule lors de la conférence devant un parterre du corps médical, toutes disciplines confondues. «Ça ne peut pas continuer de la sorte... Il y a un grand problème au niveau du CHU de Constantine. Le service de gynécologie n'est pas le seul à être décrié. D'autres services sont sous la loupe des enquêtes actuellement menées par la police et la gendarmerie. Des mesures concrètes seront prises dans les 48 heures qui suivent et des décisions vont tomber», dira le ministre. M. Boudiaf a été clair dans son intervention devant le corps médical, le personnel et la presse locale. Première directive : la fermeture immédiate de la maternité du centre hospitalier Dr Benbadis. Cette décision a été prise suite à la diffusion par l'Entv d'un compte-rendu sur la situation «horrible» (surcharge de malades et saleté) prévalant dans ce pavillon des naissances. «C'est la première mesure avant de prononcer des sanctions dans quelques heures», a promis le responsable. Le service de gynécologie sera transféré provisoirement à l'hôpital du Khroub, et aux deux structures d'El Bir et de Sidi Mabrouk, qui seront renforcés avec tout le personnel. Dans une semaine ce service sera évacué. «Le wali, le directeur de la santé et les cadres sont instruits pour mener à bien cette opération, en attendant la réhabilitation de la maternité», nous dira Boudiaf. Et de mettre l'accent sur le délai de réhabilitation de ce service qui ne peut accueillir des femmes enceintes dans la dignité. «Nous avons tenté une opération de lifting partielle, tout en maintenant le rythme des admissions étant donné la résistance menée par la population. Mais ça n'a pas marché. Aujourd'hui, la fermeture est édictée sans condition quelconque. L'entreprise déjà en place poursuivra les diverses opérations de restauration dans un délai n'excédant pas les quatre mois. Ensuite le service connaitra de nouvelles recrues spécialistes. Il est inadmissible qu'un service pareil fonctionne avec un seul chef, peu de maitres-assistants, professeurs,...», ajoutera le ministre. Concernant les traditionnelles évacuations émanant des wilayas limitrophes, et qui compliquent la tâche des médecins, le message du responsable était clair : «Seuls les malades accompagnées de dossier médical justifiant leur situation pourront être admises dans les services de maternités à Constantine. Par exemple, une malade qui nécessite une prise en charge en radiothérapie. Pour le reste, la loi est claire les EPH dans chaque wilaya se chargeront de leurs malades.» Revenant au service de gynécologie qui a provoqué son ire, le ministre, évoquant les scènes diffusées sur la chaîne nationale, dira : «Au moment où on tenait une conférence sur l'hygiène en milieu hospitalier à Oran, la réponse ternie est donnée depuis Constantine. Que font ces 62 femmes de ménage ? Il a fallu 24 heures avant ma venue pour que cela change. C'est inadmissible. Les réticences au changement doivent disparaitre. La réforme arrive et se fera avec ou sans ses opposants qui tentent de freiner, pour des intérêts personnels, le saut vers une santé de qualité.» M. Boudiaf annoncera également une expertise au niveau de la clinique rénale de Daksi. Un constat qui, selon lui, s'impose afin de pouvoir poursuivre les opérations de greffes d'organes au niveau de cette structure. «Une commission formée d'experts arrivera mercredi prochain pour y voir net. Depuis la mise en service de cette structure seuls 91 opérations du genre ont été accomplies», relève-t-il interrogatif. «J'ai appris (ce matin, Ndlr), que des autorisations ont été adressées aux médecins pour aller exercer dans le secteur privé. Le DSP est chargé d'annuler purement et simplement lesdites autorisations sans quoi les praticiens prendront leurs responsabilités. Il faut choisir. Il n'y a pas de temps complémentaire.» M. Boudiaf est revenu sur la loi de la santé 85/05 qui «ne répond plus aux exigences actuelles des médecins et citoyens. L'actuelle compte plus de 473 articles englobant divers chapitres». In fine le ministre tempère, mais rassure : «Personne ne pourra entacher ce secteur vital...». Des têtes tomberaient-elles à l'issue de cette sempiternelle problématique de gestion que vit le CHU ? «Oui,...», nous confie M. Boudiaf, mais sans livrer plus de détails sur les éventuels limogeages ou nominations. «La maternité est la partie visible de l'iceberg...», conclut M. Boudiaf. N. H.