Le 10e anniversaire de l'adoption, par référendum populaire, de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ne pouvait qu'être marqué par une intervention du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui en est l'artisan et l'initiateur. Et dans son adresse, hier, pour l'occasion, le chef de l'Etat délivrera des messages, tantôt sibyllins tantôt clairs. La Président a ainsi répondu sans ambages, sans le nommer ni même y faire référence, à l'ex-chef de l'Armée islamique du salut, le bras armé du l'ex-FIS, Madani Mezrag, qui a exprimé son intention d'investir la scène politique avec la création d'un parti. «Nous réitérons que les choix du peuple souverain consignés dans la loi portant Concorde civile ainsi que dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, seront intégralement respectés et préservés, sans concession aucune [...]. Nous relevons aujourd'hui des propos et des actes inappropriés de la part de certains bénéficiaires des dispositions de la Concorde civile, que nous préférons qualifier d'égarements, mais face auxquels nous tenons à rappeler les limites qui doivent être respectées et sur lesquelles l'Etat sera intransigeant», affirme M. Bouteflika, qui saisira l'occasion pour renouveler son appel aux terroristes «qui voudraient se ressaisir et abandonner la voie du crime, pour bénéficier des dispositions de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale». S'adressant au peuple, le chef de l'Etat l'appellera à préserver la réconciliation nationale qu'il a adoptée «de toute exploitation politicienne et de toute surenchère». Car, c'est grâce à cette paix qui a cautérisé les blessures pour accélérer leur cicatrisation, que le pays a pu se tourner vers la reconstruction de son économie et le renforcement de ses institutions. «La paix retrouvée, la sécurité du pays préservée et la construction nationale relancée, telles sont les trois réalisations majeures qu'a facilité votre choix en faveur de la Réconciliation nationale», a relevé le président de la République qui n'omettra pas de rendre hommage à l'action, la bravoure et les sacrifices de tous les enfants du peuple constituant l'Armée nationale populaire et tous les services de sécurité, qui ont donné de leur personne pour protéger leurs concitoyens et poursuivent encore, au quotidien, la lutte contre le terrorisme qu'ils ont réduit. Et c'est grâce au «net recul» de la menace terroriste à travers le pays que l'ANP a pu «désengager une partie de ses moyens de la lutte contre ces criminels, pour les mobiliser aujourd'hui, sur nos frontières terrestres, face aux turbulences graves qui secouent certains Etats voisins, garantissant ainsi la préservation de l'intégrité, de la sécurité et l'inviolabilité du territoire national», ajoute M. Bouteflika qui enchaîne ainsi sur les défis régionaux auxquels l'Algérie fait face. Le chef de l'Etat évoque ces troubles et menaces qui ciblent «singulièrement des pays arabes et musulmans comme s'il s'agissait de détruire leur civilisation, leur potentiel et même d'annihiler leur existence [...]. Tout cela nous inquiète légitimement, mais invite aussi à préserver la paix civile qui n'est pas un programme politique, mais bien un enjeu national pour l'Algérie, notre patrie à la place de laquelle nul n'en a une autre de rechange». Le Président insiste sur le valeureux apport de la paix rétablie avec l'adoption de la réconciliation nationale, qui a été un «choix salutaire», car, cette ré-initiation au vivre ensemble en paix après que le sang ait coulé a permis de «prévenir à temps l'internationalisation dans notre pays du terrorisme». Mieux, elle a été «le meilleur rempart de l'Algérie face aux manœuvres et aux complots qui nous ont également ciblés au nom du ‘‘Printemps arabe''», auquel ont appelé des ennemis de l'extérieur et de l'intérieur. H. G.