La colère est à son paroxysme. Beaucoup en veulent au ministre, Abdelmadjid Tebboune. Ils affirment ne plus croire en ses promesses et le critiquent sévèrement sur les pages du réseau social Facebook, entre autres. Le décret impose le paiement d'une troisième tranche de 5% à la remise des préaffectations et une autre de 5% à la remise des clés, soit un total de 25% du montant total du logement depuis l'actualisation des dossiers en 2013. Jeudi dernier, les postulants en colère ont organisé un sit-in devant le siège de la direction générale à Saïd-Hamdine à Alger. Un mot d'ordre a été donné de reconduire la manifestation chaque jeudi. Leur revendication porte sur l'annulation de cette décision de paiement de la troisième tranche. «Nous sommes contre le paiement de cette troisième tranche et nous ne la paierons pas», lance une femme parmi l'ensemble des souscripteurs qui ont répondu à l'appel pour le rassemblement pacifique de jeudi dernier. «Nous demandons à ce que le ministre nous fasse une exception et que ce décret ne s'applique pas sur nous, parce que ce n'était pas ce qui était prévu initialement. Aucun des responsables, dont le ministre, ne nous a parlés des dispositions de ce nouveau texte de loi», lance-t-elle. Un autre évoque l'impossibilité de payer une troisième tranche de 105 000 DA ou 135 000 DA, en ces temps de hausses inattendues des prix de tous les produits : «Jamais nous ne pourrions payer une troisième tranche, alors que nous venons de payer la deuxième. Sans compter le fait que nous devons ramasser une autre somme pour le loyer et autres dépenses. Nous ne sommes pas riches...» D'autres s'écrient : «Ce n'est pas à nous de remplir les caisses de l'Etat.» L'agitation est à son comble. Les souscripteurs promettent de ne pas lâcher prise. Ils promettent donc de maintenir la pression jusqu'à ce que les dispositions du texte en question «soient annulées», du moins pour eux. Pour rappel, c'est dans le Journal Officiel N°68 que le décret exécutif N°15-328 du 22 décembre 2015 modifiant le décret exécutif N°01-105 du 23 avril 2001 fixant les conditions et modalités d'acquisition, dans le cadre de la location-vente de logements réalisés sur fonds publics ou sur ressources bancaires ou tous autres financements est publié. Dans son article 7, il stipule : «Tout postulant à l'acquisition d'un logement dans le cadre de la location-vente doit s'acquitter d'un apport initial de 25% minimum du prix du logement. Le versement de cet apport s'effectue selon les modalités ci-après : 10% du prix du logement au moment de l'option ferme d'acquisition, 5% du prix du logement au moment du démarrage des travaux du site d'implantation du logement, 5% du prix du logement au moment de l'affectation et 5% du prix du logement au moment de la prise de possession du logement par le bénéficiaire.» Les pères de famille sont en détresse. Beaucoup se sont déjà endettés plusieurs fois pour pouvoir ramasser les sommes versées jusque-là. D'autres se voient, à un âge avancé, dans la contrainte de se débrouiller un deuxième «boulot» pour pouvoir subvenir aux besoins de toute une famille et faire face aux dépenses croissantes. D'autres encore craignent pour la cohésion de leur foyer qui «a du mal à tenir». Le gouvernement, dénoncent les postulants, n'a pas pris en considération ces situations. Le pire, c'est que jusqu'à présent, le taux d'avancement des travaux dans les différents chantiers n'est pas connu. A la nouvelle ville Sidi Abdallah où l'on annonce le lancement prochain d'un deuxième quota de 10 000 logements Aadl, le taux d'avancement des travaux pour le premier quota, qui est aussi de 10 000 logements, est à peine de 40%. Voilà qui explique les craintes des souscripteurs de ne jamais avoir accès à leur logement. Surtout pas cette année 2016. K. M.