L'écrivain et chroniqueur algérien Chabane Ouahioune est décédé, lundi dernier à Tassaft Ouguemoune (Tizi Ouzou), à l'âge de 94 ans, a annoncé la directrice de la wilaya de la culture, Nabila Goumeziane, à l'APS. Tout en présentant ses condoléances à la famille et amis du défunt, elle a déploré cette «grande perte d'un grand homme de lettres humble et modeste, qui a marqué de son emprunte la littérature algérienne». «L'aigle a quitté son rocher et pris son envol vers son créateur», ajoutera-t-elle. La directrice de la culture a également indiqué qu'un hommage appuyé sera rendu à Chabane Ouahioune à travers une exposition de son œuvre et de son parcours, depuis hier, à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, a indiqué la directrice de la culture. Né le 22 avril 1922 à Tassaft Ouguemoune, Chabane Ouahioune, avocat de formation, est l'auteur de huit romans, sur la Kabylie et le Djurdjura, sa région natale à savoir «La maison au bout des champs», qui raconte son village Tassaft durant la période coloniale, «Tiferzizouith où le parfum de la mélisse», un hymne au Djurdjura, «Parmi les collines invaincues», «Ce mal des siècles», «Itinéraires brûlants» et «L'aigle du rocher », son dernier roman écrit à l'âge de 89 ans, une déclaration de son amour ardente à son village natale . Son premier contact avec l'écriture romanesque remonte à l'année 1946 lorsqu'il rencontra Mouloud Mammeri. Il est souligné dans l'une des biographies qui lui est consacrée qu'«alors étudiant en droit, dans un hôtel d'Alger-Centre où il a loué une chambre avec un de ses amis, il fait la connaissance d'un locataire qui aime cuisiner, préparer du thé à satiété et écrire. Ce locataire n'est autre que Mouloud Mammeri alors enseignant au lycée de Ben Aknoun. Il apprécie les qualités morales et intellectuelles de son hôte Chabane Ouahioune. Mouloud Mammeri lui confie sitôt écrites, des pages de son manuscrit de son premier roman, «La colline oubliée». Chabane Ouahioune s'en délecte dans sa chambre d'hôtel où, sur la demande appuyée de Mouloud Mammeri, il se fait lecteur de son manuscrit. Ainsi c'est tout naturellement que «Dda Chaavane» sera des années plus tard; lecteur correcteur aux éditions de la Société nationale d'édition et de diffusion (Sned). Chabane Ouahioune a également touché, dans ses écrits, les problèmes de l'émigration avec la délicatesse de l'humaniste, dans une série de chroniques, pleines de bon sens et de modération, dans la presse algérienne, au moment de la violence intégriste. Pour rappel, vendredi passé son village natal Tassaft Ouguemoune dans la commune d'Iboudrarene, avait rendu un hommage à celui que les villageois appellent affectueusement et par respect «Da Chaavane». Le regretté écrivain, n'avais pas pu assister à cet hommage étant alité. Les organiseurs avaient indiqué que cet hommage se veut «un geste de reconnaissance à cet écrivain romancier, et chroniqueur, pour sa contribution à l'enrichissement de la littérature algérienne, témoignant ainsi de l'amour du village et de la patrie dans ses œuvres. R. C.