Si l'importance économique du partenariat public-privé (PPP) n'est plus à démontrer, il reste à savoir pourquoi un tel schéma de production tarde à être exploiter dans de nombreux secteurs d'activité du pays. Chacun a son explication, mais devant des besoins en investissements de plus en plus importants et dans une conjoncture peu favorable où les budgets de l'Etat connaissent une diminution drastique, le recours et l'optimisation du PPP deviennent indispensables. De prime abord, il est utile d'indiquer que l'Algérie a consenti en terme de volumes d'investissements dans les projets de partenariat public-privé, durant la période 1990-2015, un montant atteignant les 13,2 milliards de dollar. C'est en tout ce que révèle le rapport 2016 sur le développement économique en Afrique, publié jeudi dernier par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Toujours selon ce même rapport, les PPP développés en Algérie sont axés en majorité sur le développement des infrastructures. Le rapport précise par ailleurs que les pays africains devraient faire appel à de nouvelles ressources pour financer leur développement, notamment en recourant aux partenariats public-privé. C'est en effet tout à fait indiqué si l'on se réfère à l'avis des experts en la matière. Selon ces derniers, les PPP présentent d'une manière générale un certain nombre d'avantages qui peuvent permettre d'optimiser le rapport coûts-résultats de l'intervention du secteur public dans le cadre des projets d'infrastructure. «Les PPP facilitent et encouragent en effet la mise en œuvre des projets dans les délais et dans les limites du budget», soutiennent les experts. Mais ils avertissent qu'«afin d'éviter les dépassements, il faut s'assurer que le partenaire privé exploite les actifs du projet dans les délais et pour cela la maîtrise des coûts ne peut provenir que par une meilleure gouvernance». Les experts expliquent en outre que la réduction du coût des risques «constitue le principal moyen d'optimiser le rapport coûts-résultats du secteur public et, dans le cadre de PPP réussis, elle compense généralement toute augmentation de coût résultant d'un financement par emprunts privés et non par emprunts publics». En d'autres termes, le secteur public doit être en mesure de s'assurer que le prix qu'il paie au partenaire privé au titre des investissements et des risques liés au projet correspond à un bon usage de l'argent des contribuables, ce qui n'est pas le cas souvent en Algérie où les surcouts surtout dans les infrastructures pouvant varier entre 10 à 30% par rapport aux standards internationaux «sont voilés par des transferts via la rente des hydrocarbures» croit-on savoir. Ainsi, les PPP ne sont pas la panacée car la préparation des projets de type PPP prenant généralement plus de temps que des passations de marchés classiques en raison de leur complexité. Il faut aussi savoir, d'après des économistes, qu'il est important de bien choisir les projets qui peuvent être effectués sous forme de PPP et de bénéficier de conditions favorables qui incluent des acteurs publics et privés compétents et solvables et un cadre macroéconomique et réglementaire stable. Cela renvoie à l'adaptation du cadre juridique. «En Algérie, l'on fait référence aux lois de finances 2009/2010 dont la généralisation de la règle des 49/51% sans distinguer les secteurs stratégiques ou pas, l'Etat supportant tous les surcoûts d'où la satisfaction de certains opérateurs étrangers qui drainent des profits sans risques. Cette règle généralisée, où aucun bilan n'a été fait à ce jour, se refugiant dans l'idéologie, repose sur l'aisance financière», est-il rappelé dans un rapport du conseil national économique et social. Faut-il savoir également que certaines études réalisées sur le terrain font ressortir que les principaux avantages découlant de l'utilisation des PPP résident dans l'optimisation du rapport coûts/résultats, la répartition des risques entre l'autorité publique et l'opérateur privé, la conservation par l'entité publique du contrôle stratégique du service, et enfin le gain à traiter avec un secteur privé expérimenté. L'intérêt pour un Etat ou une collectivité locale est de «développer une infrastructure économique pour assurer le développement du pays, tout en réduisant son emprunt et les risques associés». Cependant, un recours à l'usage des PPP ne fait pas sans obstacles du fait que ce mode de financement et de gestion est relativement nouveau dans notre pays comme dans d'autres du pourtour méditerranéen. En effet, les projets susceptibles de faire l'objet de PPP ne sont pas clairement identifiés. Enfin, le secteur privé local ne semble pas outillé pour accompagner des projets d'envergure. Aussi pour les experts le développement de tels mécanismes pourrait être favorisé à travers notamment l'élaboration et l'adoption d'un cadre régional harmonisé de PPP qui reste encore à définir. En résumé, sans une vision stratégique tenant compte tant du développement interne que des nouvelles mutations mondiales, la notion de partenariat public/privé application souvent aux services collectifs, qui ne peut être généralisée à tous les segments concurrentiels, aura une portée limitée. Cela pourrait être donc la raison majeure au fait que le partenariat public-privé (PPP) est encore largement embryonnaire en Algérie alors qu'il devrait devenir un outil d'optimisation et de rationalisation de la dépense publique. Z. A.