Des dizaines de milliers de Yéménites se sont rassemblés sur une place du centre de la capitale Sanaâ pour apporter leur soutien aux Houthis, au moment où le président du conseil politique du mouvement promettait la formation d'un gouvernement dans les prochains jours. Des dizaines de milliers de Yéménites se sont rassemblés sur une place du centre de la capitale Sanaâ pour apporter leur soutien aux Houthis, au moment où le président du conseil politique du mouvement promettait la formation d'un gouvernement dans les prochains jours. La manifestation, l'une des plus importantes au Yémen depuis le début de la guerre civile, s'est tenue malgré l'intensification des bombardements aériens de la coalition formée par l'Arabie saoudite pour soutenir le président en exil Abdrabbou Mansour Hadi. C'est au départ une guerre civile qui s'est peu à peu transformée en conflit international par l'intervention d'une coalition de pays arabes. Multiplicité des acteurs, complexité du conflit, grand nombre de victimes civiles. Pays de 27 millions d'habitants le Yémen n'a jamais été véritablement unifié, et Nord et Sud restent sous tension depuis plus de trente ans, après une réunification théorique en 1990. Au Nord, la rébellion des Houthis monte en puissance depuis 2004. Un conflit avant tout politique et économique qui s'habille d'un vernis confessionnel. En mars 2015, à la demande du président du Yémen Abdrabbou Mansour Hadi, l'Arabie saoudite déclenche une opération militaire sous le prétexte de contrer les Houthis qui progressent dans le pays. L'Arabie saoudite accuse les Houthis d'être aidés en sous-main par l'Iran. Le Yémen est devenu le lieu d'une lutte entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Une partie de l'armée est, elle, restée fidèle au président Hadi élu démocratiquement. Elle est aidée par les bombardements aériens d'une coalition d'une dizaine de pays arabes (dont l'Egypte, la Jordanie et le Maroc), dirigée par l'Arabie saoudite. Après une première opération baptisée «Tempête décisive» clôturée en avril 2015, c'est l'opération «Restaurer l'espoir» qui lui succède et qui est encore en cours. Patrimoine dévasté, civils bombardés, famine, maladies, et crimes de guerre : ce conflit a déjà un bilan dévastateur. Selon l'Unicef, 320 000 enfants ont besoin d'une aide humanitaire immédiate. Ils représenteraient un tiers des victimes du conflit, qui a fait 6 571 morts et 32 856 blessés entre le 19 mars 2015 et le 16 juillet 2016, selon un dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais il y aurait également des dizaines de milliers de victimes indirectes de la guerre (famine, manque d'infrastructures hospitalières). Les bavures de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, se multiplient. Mardi 16 août, 17 civils ont été tués dans une frappe. La veille, un raid aérien a fait 19 morts et 24 blessés. Après un relatif cessez-le-feu observé depuis six mois, les pourparlers de paix ont été suspendus le 6 août par l'ONU, faute de progrès. Les bombardements de la coalition ont repris, touchant notamment un hôpital. Avec la reprise des combats à grande échelle les observateurs augurent «une longue guerre», dont l'issue est difficile à prédire en raison de «la multitude de factions et d'éléments impliqués». Pour d'autres on s'achemine, à terme, vers une désagrégation du pays. R. I.