La problématique des archives du 4e art national est une question récurrente suite à la disparition de tout un pan de la mémoire du théâtre algérien A l'occasion d'une rencontre sur «le théâtre algérien entre étude académique et réalité», organisée au Palais de la culture Mohamed Laid Al Khalifa à Constantine, le chercheur en théâtre Mohamed Gharnaout a mis en exergue le déficit en archives relatives aux premières années de l'expérience théâtrale constantinoise. Lors de cette rencontre, organisée par la direction de la culture de Constantine, Mohamed Gharnaout a estimé que «le déficit en archives entretient une certaine confusion et véhicule de fausses données sur cette expérience», rapporte l'APS. Selon le chercheur, ceux qui ont écrit sur cette expérience se sont basés essentiellement sur les récits et témoignages de personnes âgées, ainsi que les livres et articles contenus dans les archives de la ville de Constantine de l'époque coloniale, dont l'essentiel est encore en France. Pour le chercheur les racines du théâtre d'expression arabe à Constantine remontent à 1913 bien avant la visite effectuée à la ville en 1921 par l'artiste libanais Georges Abiad et 65 ans après la naissance du théâtre arabe au Liban et en Syrie. Regrettant l'absence de documents sur les débuts du théâtre, notamment ceux relatifs aux noms des troupes, des comédiens ainsi que les pièces et œuvres produites, il a estimé qu'entre 1928 et 1962 environ 400 œuvres ont vu le jour à Constantine, dont de nombreuses ont été réalisées en collaboration avec des artistes arabes. Le conférencier a ajouté que ce chiffre est considérable, insistant sur l'importance de la critique théâtrale. De son côté, le comédien et réalisateur, Karim Boudchiche, a fait part de l'évolution de son expérience théâtrale, soulignant son intérêt croissant pour la critique théâtrale et l'archivage du théâtre. Il a insisté sur l'importance de la formation académique pour le perfectionnement de l'expérience de l'artiste théâtral. La problématique des archives du 4e art national est une thématique récurrente suite à la disparition de tout un pan de la mémoire du théâtre algérien. Pour rappel, à l'occasion de la journée internationale du théâtre, le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA) avais marqué l'événement avec une rencontre thématique sur «le théâtre et l'archive». Animée par l'universitaire et critique théâtral Mohamed Boukeras, le conférencier a tiré la sonnette d'alarme quant à la sauvegarde de centaines, voire de milliers d'œuvres théâtrales algériennes, soulignant que «si un chercheur, étudiant, homme de théâtre ou un simple passionné du quatrième art souhaite revoir ou avoir des informations sur une œuvre, il se retrouve face à une impasse». Rappelant l'absence de certitude par rapport au début de la pratique théâtrale en Algérie, Mohamed Boukeras a indiqué que de nombreux auteurs et chercheurs relatent les mêmes faits, dont l'interdiction du théâtre de marionnettes en Algérie en 1843 par la colonisation française, sans aller plus loin et chercher les raisons de cette interdiction, le contenu des œuvres et les acteurs ayant pratiqué cet art populaire. «A titre d'exemple, le spectacle de Jeha en 1926 est parmi les pièces maîtresses de la fondation du théâtre algérien.» On relate le déroulement de cette pièce sans aucun effort pour chercher son texte, ses acteurs et les péripéties de sa tenue. Il a soutenu à cette effet, que «notre archive culturelle est actuellement en France, il y a des rapports de policiers français, d'administrateurs gérant la pratique théâtrale que nous n'avons pas demandé, il s'agit après tout de notre histoire et de notre identité culturelle». Il a également mis en exergue l'absence d'archives concernant par la troupe artistique du Front de Libération Nationale. Le conférencier a toutefois mis en exergue le travail de mémoire de Mahieddine Bachtarzi, les travaux de Mohamed Tahar Foudala ainsi que la contribution des universitaires qui œuvrent à retrouver et retranscrire la mémoire du théâtre algérien. S. B./APS