Six candidats, dont le chef d'Etat Abdelaziz Bouteflika qui brigue un troisième mandat, ont été retenus pour l'élection présidentielle du 9 avril sur les 13 qui avaient déposé leur dossier : Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA), Ali Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54, Belaïd Mohand Oussaid dit Mohamed Saïd, qui dirige le Parti liberté et justice (PLJ, non agréé, encore), Mohamed Djahid Younsi, secrétaire général du mouvement El Islah. Parmi les challengers de Abdelaziz Bouteflika, le président sortant, on trouve Louisa Hanoune et Fawzi Rebaïne, qui ont déjà participé à l'élection de 2004, bien que leur participation soit passée à l'ombre du duel entre Abdelaziz Bouteflika et son ancien chef de gouvernement Ali Benflis. La secrétaire générale du PT figure en bonne place pour arriver en seconde position. Car, malgré le 1% obtenu en 2004, elle bénéficie d'une plus grande popularité au vu des résultats obtenus lors des dernières législatives de 2007. La défection de ce qu'on appelle «les grosses pointures présidentiables» peut très bien être rentabilisée par la chef de file des trostkistes algériens. Quant au président de Ahd 54, il ne lui reste qu'à tenter de récupérer les acquis de sa participation en 2004 au bénéfice d'un plus grand ancrage de son parti. Fawzi Rebaïne tentera, certainement, de concurrencer M. Bouteflika, en développant un discours nationaliste plus radical conforme avec l'idéologie de Ahd 54. On pressent même un discours identique à celui de Moussa Touati, le président du FNA. Un parti qui a obtenu un succès fulgurant aux dernières législatives, damant le pion même à l'un des partis de l'Alliance présidentielle. Moussa Touati s'est, tôt, distingué en soutenant la révision de la Constitution, même s'il s'est déclaré pour un régime parlementaire. Il s'est opposé, un moment, à l'amendement de l'article relatif à la suppression de la limitation des mandats, avant de revenir à de meilleurs sentiments et de s'atteler à un discours patriotique. Sans aucun doute, la candidature de Moussa Touati apparaît comme le sosie de celle de Fawzi Rebaïne. A force de se marcher sur les pieds, les deux candidats risquent de favoriser un report des voix sur Abdelaziz Bouteflika. Candidat le mieux placé pour faire valoir leurs idées nationalistes, notamment avec le soutien du FLN et du RND et toute la famille révolutionnaire. Les deux candidats restants souffrent d'être méconnus du grand public. Même s'ils sont d'ores et déjà taxés d'être des islamistes modérés, Djahid Younsi et Mohamed Saïd tenteront chacun de draguer l'électorat islamiste. Djahid Younsi est certainement loin d'être le représentant de tout le courant islamiste. Le candidat d'El Islah aura fort à faire en essayant d'inscrire son discours de campagne sur le terrain de la réconciliation nationale et de l'élargissement de ses mesures jusqu'à revendiquer une amnistie générale. Enfin, Mohamed Saïd est indéniablement, cette fois-ci, le petit Poucet de l'élection. Mis à part le fait d'avoir été le directeur de campagne du candidat Ahmed Taleb El Ibrahimi, Mohamed Saïd n'a aucun passif politique dont les Algériens se souviennent. Bien au contraire, il gagnerait à faire valoir l'avantage de ne traîner aucune casserole sur laquelle on peut l'attaquer. Il est, sous toute réserve, celui qui peut le plus prôner le changement, pour la simple et unique raison qu'il est la seule nouvelle figure de cette course au palais d'El Mouradia. Les six candidats ont jusqu'au 7 avril pour tenter de séduire les 20 623 608 électeurs. G. H.