La pomme de terre faisait encore des siennes hier, comme elle le fait depuis déjà plusieurs semaines. Pas belle du tout à voir par sa qualité de choix inférieur, et visiblement pas aussi bonne à manger que le prétend son prix, elle culminait à hauteur des 75 dinars, narguant de son statut de nourricière du pauvre le porte-monnaie d'une ménagère ne sachant plus à quel saint se vouer, encore moins à quelle autorité apte à assumer réellement et efficacement sa mission face au chantage de la mercuriale dans un rapport d'offre et de demande qui ne laisse aucune marge de manœuvre au citoyen en l'acculant toujours à l'inconfortable et contraignante position du vaincu d'avance. La pomme de terre n'est, bien sûr pas, seule sur les étals à défier toute logique du marché et à faire fi de la morale qui doit prévaloir dans l'acte de vente face à celui d'acheter. Tout est cher, et plus cher encore qu'il y a quelques semaines à peine jusqu'à faire brûler les yeux au seul regard des prix –lorsqu'ils sont affichés- et jusqu'à carboniser l'espoir de lendemains meilleurs –ou moins mauvais- chez les bourses moyennes, les petites bourses n'ayant plus droit à acheter quoi que ce soit depuis belle lurette, surtout depuis qu'elles ne peuvent plus se payer la fausse dignité d'un kilogramme de patate à faire retourner dans de l'eau réchauffée.Est-ce le hasard qui serait encore en train de s'exprimer ces derniers jours où bien s'agit-il là d'une opération préparée par on ne sait qui ? La question se pose non pas pour la seule pomme de terre mais pour tous ces légumes et fruits dont les prix sont en train de redoubler de férocité ces derniers jours au rythme, d'une campagne électorale qui s'en trouvera automatiquement affectée. Hier, des animateurs de campagne d'un candidat l'ont d'ailleurs largement vérifié à leurs dépens en osant choisir un marché dans la capitale dans l'objectif d'y écouler une partie de leur programme. En tout les cas, s'il s'agit là de simple coïncidence, tant mieux –ou tant pis, c'est selon-, qu'il soit ainsi, et si cette nouvelle offensive acharnée des faiseurs de prix –et de misère aussi- a choisi sciemment l'ambiance de la campagne présidentielle pour avoir un impact, ceux qui l'ont orchestrée n'auront sans doute pas eu besoin de trop réfléchir pour la mettre en pratique, tellement le marché algérien s'est toujours distingué par des envolées de prix sans répit. Une véritable culture du toujours plus cher faisant qu'aujourd'hui, il est plus aisé pour un marchand de n'importe quoi d'augmenter ses prix que d'opter pour le geste inverse même lorsque tous les moyens le lui permettent.La pomme de terre et ses frères et sœurs des étals font donc leur campagne. Toujours fidèles à la tradition, n'obéissant qu'aux règles d'un marché sans règles claires. Un sujet précis et faisant pleinement partie du quotidien du commun des Algériens qui ne semble pas encore trouver la place qui est sienne dans l'autre campagne, celle qui mène vers la Présidence. L. I.