Alger se souviendra sans doute longtemps de la soirée du 18 novembre dernier, une soirée mythique qui a vu la qualification de notre équipe nationale au prochain Mondial 2010. Déchaîné, euphorique, envahi d'une joie sans limite, le public algérien s'est empressé de rejoindre les rues de la capitale pour crier son bonheur après 23 ans d'attente. Antar Yahia, qui a marqué le but salvateur, a libéré un grand soupir de soulagement et une explosion de joie faite de youyous retentissants et de cris de victoire. À Bab El Oued, le cœur d'Alger, une folle ambiance s'est installée. Les jeunes envahissent la rue principale et les ruelles. Femmes, enfants, jeunes et vieux, toutes catégories confondues, sont descendus dans la rue. Des feux d'artifice sont tirés, la musique emplit l'atmosphère… c'est le chant de la victoire. Une foule impressionnante avance le long du boulevard Colonel Lotfi avec à la tête le cercueil de shehata. Les supporters des Verts simulent les funérailles de l'entraîneur de l'équipe adverse en criant : «Allah Akbar, shehata met [est mort].» Les femmes les soutiennent avec des youyous depuis leurs balcons. Certaines se sont jointes aux marcheurs. Les couleurs du pays sont à l'honneur. Le vert, blanc et rouge, l'emblème national, semble avoir regagné les cœurs du peuple. La foule est grandiose. Impossible de se mouvoir au milieu de cette foule compacte. On est entraîné par le mouvement. Les cris des supporters emplissent l'air. Mais point de violence. Aucun geste ou acte de brutalité envers quiconque ou quoi que ce soit. Rien ne vient gâcher la fête. Sur les toits des véhicules, des jeunes se sont déjà installés avec des instruments à percussion et des chorales se forment. Ils enchaînent les derniers tubes en l'honneur des Verts. Quelques-unes égratignent, avec humour, les Egyptiens. «Harami» est le refrain de la soirée. Les jeunes le répètent en boucle. Les feux d'artifice continuent à illuminer le ciel, ponctués de quelques pétards. La foule avance et finit par se disperser. La voie est ouverte aux véhicules qui prennent le relais pour sillonner toute la soirée le reste la capitale. W. S.