Vingt-sept psychologues palestiniens et trois sahraouis sont, depuis hier à Alger, pour une formation de dix jours sur la prise en charge des traumatismes psychiques. Une formation assurée par des psychologues algériens ayant acquis une grande expérience dans le domaine, grâce notamment à leur travail avec les victimes du terrorisme, des inondations de Bab El Oued, du séisme de Boumerdès, etc. C'est une initiative du Croissant-Rouge algérien (CRA) qui a eu l'occasion de constater de visu les ravages matériels mais aussi psychiques des bombardements israéliens sur Ghaza, lors de son déplacement dans cette région meurtrie de la Palestine, au mois de janvier 2009. L'équipe du CRA était accompagnée de psychologues et le travail de formation a commencé sur place avant que ces derniers ne soient obligés de rentrer dans le pays à cause du problème de visa. «Nous étions obligés de quitter Ghaza et d'interrompre notre travail sur place. Nous avons néanmoins pensé à le reprendre en Algérie, en invitant ces psychologues chez nous. Ils manquaient de formation et en étaient conscients. Ce sont eux d'ailleurs qui l'ont réclamée. Nous avons soumis l'idée au CRA et il l'a bien accueillie», explique Mme Nachida Tayebi, la responsable de ce programme. Et cette dernière de regretter le fait que les psychologues de Ghaza ne soient pas encore arrivés pour assister à l'ouverture officielle de cette session de formation, hier, à l'hôtel Dar Diaf de Chéraga (Alger). «Ils sont bloqués au passage de Rafah. Les autorités égyptiennes ne les laissent pas passer. Nous ne perdons pas espoir de les voir parmi nous», poursuit la psychologue. Un responsable du CRA confie que c'est cet organisme qui assure le financement de toute la formation (y compris l'hébergement et les visites guidées). D'où vient ce financement ? «C'est l'argent de nos enfants. C'est l'argent des timbres que nous leur avons vendus dans le cadre de la campagne de solidarité avec la population de Ghaza […] Nous avons de quoi financer un hôpital et des écoles pour cette région martyrisée», dit-il fièrement. Mme Saliha Ferhat affirme sa disponibilité à contribuer à la formation de ses jeunes confrères palestiniens : «Nous-mêmes, nous avons bénéficié de formation de la part de psychologues chevronnés de Norvège et d'ailleurs. Nous avons appris beaucoup de choses avec eux mais aussi grâce à notre propre savoir-faire et notre sens clinique. Nous avons l'écoute empathique et ça aide à apaiser la douleur de la victime.» Comment se déroulera cette rencontre ? «Ce sera sous forme d'ateliers. Chacun va venir avec sa pratique clinique et nous allons affronter ces pratiques pour arriver aux meilleurs diagnostics et aux meilleurs soins», explique-t-elle. Mme Ferhat attire toutefois l'attention sur un phénomène qui échappe à beaucoup d'entre nous : «Nous-mêmes, nous subissons le stress et la douleur. Nous aussi nous souffrons de séquelles psychologiques […] Nous absorbons l'angoisse de nos malades.» La psychologue plaide pour ce qu'elle appelle un réseau de supervision : «Une grande énergie psychique est déployée par le soignant. Nous aidons les autres mais nous aussi, nous avons besoin d'être compris, d'être soutenus […] Nous avons surtout besoin d'être évalués et d'échanger nos expériences avec les autres. Le regard de l'autre compte beaucoup.» K. M.