Deux kamikazes se sont fait exploser hier devant un bâtiment administratif, dans la province pakistanaise de Mohmand, tuant au moins 55 personnes et causant des blessures à plus d'une centaine d'autres. Les deux assaillants ont déclenché leurs engins explosifs près des bureaux d'un administrateur adjoint de la province, Rasool Khan, qui n'a pas été touché. Un des kamikazes qui se trouvait sur une moto a précipité l'engin contre la grille d'entrée d'une maison qui fait office de bureau de l'administration, au moment où, selon des responsables locaux, des civils patientaient pour recevoir notamment des denrées alimentaires et quelques fauteuils roulant, stockés sous une vaste tente arborant un panneau du Programme alimentaire mondial de l'ONU. «J'étais la cible, ils ont voulu me tuer mais, par chance, je n'étais pas au bureau», a affirmé le chef de l'administration locale, Rasool Khan. «Il y a 55 morts et 104 blessés», a-t-il indiqué, ajoutant que le bilan pourrait s'alourdir. Une des bombes semblait relativement de faible puissance, contrairement à la seconde, elles ont été déclenchées à quelques secondes d'intervalle. Une prison a également été endommagée et environ 28 détenus en auraient profité pour s'évader. «Après l'explosion, j'ai vu de la destruction. J'ai vu des corps partout. J'ai vu les blessés appeler à l'aide, a raconté un responsable de la sécurité, Esa Khan, à Peshawar (nord-ouest), où il a participé au transfert de certains blessés vers un hôpital». «Les gens hurlaient, il y avait des morceaux de chair partout», a témoigné Raj Wali, un employé de la voirie de 23 ans. Des secouristes tentaient hier de déblayer les décombres de plusieurs échoppes attenantes qui se sont effondrées, redoutant que d'autres civils soient ensevelis sous les débris. Ce double attentat s'est produit dans la région de Mohmand, le nord-ouest du Pakistan, non loin de la frontière avec l'Afghanistan. Cette zone est un des bastions des mouvements talibans (TTP). Le TTP a fait allégeance à El Qaïda dès sa création en décembre 2007. Il est, avec des groupes qui lui sont liés, le principal responsable d'une vague de quelque 400 attentats qui ont fait près de 3 500 morts dans tout le pays ces trois dernières années. Le gouvernement pakistanais a promis cette semaine, sans toutefois en fixer la date, une conférence nationale pour améliorer la lutte antiterroriste, après un double attentat suicide qui a fait 43 morts et plus de 170 blessés, il y a une semaine dans un mausolée très fréquenté abritant le tombeau d'un Saint soufi à Lahore, dans l'Est. Les talibans avaient nié être à l'origine de cette double attaque, assurant qu'ils ne visaient que l'armée, la police et les autorités dans leur campagne d'attentats. Jusque-là toutes les offensives de l'armée Pakistanaise dans les régions frontalières de l'Afghanistan ne semblent pas dissuasives et cette nouvelle attaque montre que les insurgés restent très actifs. H. Y./Agences