Deux kamikazes se sont faits exploser hier devant un bâtiment administratif dans la province pakistanaise de Mohmand, tuant plus de 50 personnes. Le gouvernement a précisé que plusieurs dizaines de commerces avaient été endommagés par la violence de l'attaque, qui s'est produite dans le village de Yakaghund. Les deux assaillants ont déclenché leurs engins explosifs près des bureaux d'un administrateur adjoint de la province, Rasool Khan, qui n'a pas été touché. Au moins un des kamikazes se trouvait sur une moto. A proximité, une distribution de fauteuils roulants pour les handicapés et de matériel pour les agriculteurs était en cours, selon l'administrateur régional, Amjad Ali Khan. Ce dernier a précisé que plus d'une cinquantaine de personnes avaient été tuées et plus d'une centaine d'autres blessées. Une des bombes semblait de relativement faible puissance, contrairement à la seconde, et elles ont été déclenchées à quelques secondes d'intervalle, a-t-il déclaré à l'Associated Press. Une prison a également été endommagée et environ 28 détenus en auraient profité pour s'évader. "Après l'explosion, j'ai vu de la destruction. J'ai vu des corps partout. J'ai vu les blessés appeler à l'aide", a expliqué à l'Associated Press un responsable de la sécurité, Esa Khan, à Peshawar (nord-ouest), où il a participé au transfert de certains blessés vers un hôpital. Abdul Wadood, 19 ans, était assis sur un véhicule à proximité du bâtiment administratif au moment de l'attaque. "J'ai uniquement entendu la déflagration assourdissante et j'ai perdu connaissance", a-t-il raconté, alors qu'on le soignait pour des blessures à la tête et au bras à Peshawar. "Je me trouvais sur un lit d'hôpital quand j'ai rouvert les yeux. Je pense que ceux qui ont programmé ou mené cette attaque ne sont pas des humains". Malgré les offensives de l'armée pakistanaise dans les régions frontalières de l'Afghanistan, cette nouvelle attaque montre que les insurgés restent très actifs. Notons que le chef de l'agence des renseignements du Pakistan, les Renseignements interservices ( Inter-service Intelligence, ISI), Ahmed Shuja Pasha, a déclaré jeudi que les puissances occidentales sont impliquées dans les activités terroristes dans le pays, a rapporté la chaîne de télévision Samaa. Pendant un briefing à la session du Comité sur la sécurité nationale présidée par le sénateur Raza Rabbani, le chef a déclaré que "les puissances étrangères sont impliquées dans le terrorisme et la déstabilisation du pays". La politique contre le terrorisme devrait être liée à l'intérêt national, a souligné M. Pasha, ajoutant que "la politique américaine contre le terrorisme est à l'étude et des changements seront effectués avec le temps en accord avec l'intérêt national". D'après le média, les membres du comité ont demandé des changements clairs dans les politiques contre le terrorisme dans le pays.