«Le ministère ne peut à lui tout seul y faire face.» Cette phrase pourrait être avancée par n'importe quel ministre parlant de son secteur et de la prise en charge des problèmes qui s'y poseraient. La socialisation de la culture ne pourra pas se faire sans l'implication du ministère de l'Education. L'organisation des transports ne peut être effective si le ministère de l'Intérieur se désengage. L'environnement et l'amélioration du cadre de vie seront de vains mots tant que les collectivités locales ne joueront pas le jeu… Des exemples d'interaction et de complémentarité entre des secteurs devant être pris en charge par des administrations organiquement distinguées sont légion. Un des secteurs où l'intersectorialité a un rôle déterminant, voire indispensable, est incontestablement le tourisme. Bien que reconnu comme étant un créneau porteur et un filon économique par excellence, le tourisme n'arrive pas à décoller en Algérie. Et ce, malgré toutes les mesures, les plans et les schémas directeurs mis en place par le ministère de tutelle. L'Algérie est un pays ayant des potentialités avérées qui lui permettraient, si elles étaient exploitées de manière optimale, de s'imposer comme une destination touristique concurrentielle, si ce n'est à l'échelle mondiale, au niveau régional pour le moins. Stations de ski, thermalisme, sites, vestiges et monuments, méharées et trekking dans les immensités désertiques et les Tassilis, alpinisme, randonnées dans les montagnes, spéléologie et descente de rivières souterraines, 1 200 kilomètres de côtes… sont là quelques indications qui, mises dans un guide touristique ou le dépliant d'un tour-opérateur, ne pourraient manquer de susciter l'intérêt du touriste le plus exigeant. Mais alors pourquoi les touristes se font-ils si rares chez nous alors que nos voisins immédiats ont fait du tourisme un moteur de croissance ? Parce qu'il ne suffit pas d'aligner de belles images et de beaux discours pour convaincre et attirer. Le touriste visitant le pays s'en fait déjà une première idée à sa descente d'avion, au premier accueil. Pour peu que son vol ait fait du retard, que la qualité du service à bord ait laissé à désirer, que le contrôle des douanes et de la police des frontières ait manqué de courtoisie, le pays sera déjà en train de perdre un touriste. Or, règle d'or dans le tourisme : un touriste gagné, c'est dix de gagnés, un touriste perdu, c'est cent de perdus. Et les raisons de perdre des touristes sont bien plus nombreuses que celles d'en gagner. L'hôtel qui n'en est pas un, la rue sale et inhospitalière, le restaurant qu'il faut chercher sans même un plan de la ville… détruiraient la plus belle des images qu'on essaierait de vendre. Et ce ne sont pas des «Maisons Algérie» à l'étranger, des plans et des schémas qui y changeraient grand-chose, dans l'immédiat du moins. L'urgence est de faire jouer l'intersectorialité en impliquant toutes les institutions concernées par la préparation d'un terrain favorable pour le développement du tourisme. Autrement, on n'aurait fait que reproduire l'image de la charrue avant les bœufs, une image guère vendable. H. G.