Photo : Riad Par Nabila Belbachir «Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons.» Cette phrase est du grand écrivain français Victor Hugo, qui a toujours appelé à la généralisation de ces lieux de savoir et à la socialisation de l'enseignement et de l'éducation, seules parades contre les dérives sociales et la marginalisation. L'école pour tous devient dès lors une arme pour lutter contre la délinquance, la violence et l'analphabétisme, notamment juvénile, qui sont les sources de nombreux maux et fléaux sociaux. Cette citation, d'une époque lointaine, est toujours d'actualité. Elle s'applique à l'exigence actuelle de notre société qui se métamorphose de jour en jour, tout en voyant ces liens sociaux qui sont le ciment de la cohésion sociale s'amenuiser, pour ne pas dire disparaître. Car l'école, aujourd'hui plus qu'hier, a une mission qui ne se limite pas à la transmission du savoir, mais implique aussi la lutte contre tous les maux sociaux, notamment la délinquance, qui menacent les enfants et gangrène la société, particulièrement dans les grandes villes. L'école instruit et éduque les enfants. Elle transmet les valeurs sociales et morales. Elle se charge de leur instruction civique. Ce faisant, elle forme des citoyens qui respectent la loi et la morale. Mais l'école ne peut à elle seule se charger de l'éducation, de la formation, de l'organisation et de l'encadrement de la société. Un enfant ne peut échapper à l'influence de son milieu, son environnement, la famille, la rue. Or ce milieu échappe à l'école, surtout ci celle-ci enregistre des déperditions qui seront autant d'enfants livrés à cet environnement. Or, la déperdition scolaire a atteint le taux de 11% à l'échelle nationale. A ce propos, le ministère de l'Education nationale insiste sur le rôle des parents, qui devront assumer leurs responsabilités et charges dans l'éducation de leurs enfants. «L'école ne sera plus responsable de l'échec de l'enfant. Les parents doivent s'impliquer dans le suivi du cursus scolaire de leur progéniture». Et si les parents, pour différentes raisons, n'arrivent pas à assumer pleinement et entièrement leurs charges, l'école pourrait-elle dans ce cas-là prendre en charge l'avenir de nos enfants et construire les premières bases du fondement de la société ? Peu probable lorsque l'on voit le niveau de l'école algérienne, qui ne cesse de baisser alors que le taux de déperdition ne cesse, quant à lui, d'augmenter. D'ailleurs, dans ce contexte, l'organisation des Nations unies pour la science et la culture (Unesco) a tiré la sonnette d'alarme à maintes reprises quant à la hausse de la déperdition scolaire en Algérie. «La déperdition est un défi majeur auquel il faut faire face», souligne l'organisation onusienne. En Algérie, le Centre national des études appliquées et de la planification (CENEAP) avait estimé, dans une enquête réalisée il y a plus de deux ans, que 30% des élèves du primaire fuient l'école à cause des programmes, 50% de ceux âgés entre 11 et 14 pour difficultés de concentration et plus de 60% des élèves âgés de plus de 14 ans ont des problèmes avec les enseignants. Quelles sont réellement les origines de ce fléau, auquel les pouvoirs publics sont incapables de faire face ? Plusieurs facteurs contribuent en fait à l'amplification de la déperdition scolaire, l'un des maux de la société. Une des premières causes est la pauvreté qui frappe les citoyens, surtout dans les régions enclavées, et les obligent souvent à retirer leurs enfants de l'école pour les mettre au travail. L'instabilité familiale et l'éloignement des écoles des lieux de résidence contribuent également à cette hausse de la déperdition scolaire. «Des chiffres énormes qui, dans un futur proche, présenteraient une entrave de taille à tout projet ou planification», affirme un spécialiste. Dans ce sens, il a été révélé par bon nombre de consultants et de spécialistes des questions de pédagogie, que les causes de la déperdition scolaire sont à chercher au sein même de l'école, car il y a beaucoup de défaillances dans le système éducatif algérien. La solution adéquate à une sortie «crise» sera peut-être dans ce programme que veut engager l'Unicef avec le ministère de l'Education nationale qui s'intitule «L'école amie des enfants» et qui vise à, du moins, réduire cette «coupure» existant entre l'école et la société. Il s'agit, selon l'organisation, «d'un nouveau regard sur l'école et sur l'enseignement à travers le développement des programmes et des activités périscolaires». De nouvelles disciplines sont à cet effet préconisées, dont «le sport, le théâtre, l'informatique, le dessin, la lecture ou toute autre activité créative qui fait appel à l'imagination de l'élève». Par ailleurs, l'école doit être, selon les spécialistes, «un endroit attractif et agréable de par ses décors, ses dessins, sa propreté. Or, souvent, les établissements scolaires offrent des apparences tristes». Concluons en soulignant que la phrase de Victor Hugo se confirme par cette politique qui est menée depuis ces dernières années et qui a permis à l'école algérienne de pénétrer les prisons pour offrir à de jeunes détenus l'occasion de poursuivre les études qu'ils avaient interrompues et même de passer le baccalauréat. CQFD.