Le suspense a été fort heureusement de courte durée, car les impératifs de la compétition ne laissent généralement aucune chance aux hésitants. Le nom d'Abdelhak Benchikha, évoqué en premier pour succéder au cheikh Rabah Saadane à la tête de la sélection nationale de football, a été vite confirmé dans ses fonctions. La FAF justifie cette spontanéité par son souci de «faire confiance aux techniciens algériens de haut niveau, d'une part, et à celui d'assurer, d'autre part, la stabilité de l'encadrement de l'équipe nationale au moment où celle-ci se trouve en pleine phase de qualification pour la Coupe d'Afrique des nations (CAN 2012)». L'argument fait mouche. Il est vrai que tous les Algériens adhèrent à cette idée qui veut que l'on donne toutes les chances aux compétences locales. Pas seulement dans le domaine sportif, mais dans tous les autres secteurs d'activité. Dans leurs discussions de tous les jours, les citoyens regrettent souvent la fuite des cerveaux et l'exil forcé des éminences nationales. Fuyant le pays faute de perspectives prometteuses, celles-ci partent dans tous les sens : l'Europe, l'Amérique du Nord et le Moyen-Orient polarisent l'attention des cadres de l'école algérienne. Il s'agit, en effet, d'une véritable hémorragie qui vide le pays de ses forces vives. Toutes ces énergies sont évidemment capables de faire de la performance et de créer beaucoup de richesses sur place si elles sont valorisées comme elles le sont généralement à l'étranger. Dans le secteur économique, par exemple, le gouvernement s'est également rendu à cette évidence, selon laquelle tout développement réel du pays doit s'articuler fondamentalement sur les entreprises de droit algérien. Les multinationales et les entités étrangères, c'est bien connu, ne pensent qu'au profit financier immédiat. Le transfert du savoir-faire et le partenariat technologique, qu'on se plaît d'étaler dans les offres de services et autres soumissions, ne sont en définitive que de faux espoirs qu'on fait miroiter pour rafler à chaque fois la grosse mise des marchés publics. Cependant, cette préférence nationale doit être soumise à des critères d'efficacité très stricts pour se démarquer définitivement de la complaisance et du nombrilisme contreproductif. S'il est aujourd'hui logique de nommer Benchikha à la barre technique de l'EN, il est également impérieux de bien baliser sa mission à travers un contrat-programme qui serait à la hauteur des prédispositions de l'équipe algérienne et des espoirs légitimes de ses millions de fans. Ainsi, les objectifs à atteindre et la méthode à suivre dans ce sens doivent être clairement définis et rigoureusement appliqués. Toujours en matière d'exploitation rationnelle des valeurs locales, la composante de l'équipe devrait aussi s'en ressentir. De l'avis général, le championnat national recèle aussi de nombreux joueurs talentueux qui méritent amplement leur sélection. Les spécialistes du ballon rond sont nombreux à croire qu'un dosage équilibré d'athlètes locaux et d'expatriés serait de nature à prodiguer beaucoup de vertus supplémentaires au groupe. Même en termes de représentativité et de cohésion, les citoyens à l'intérieur du pays et dans la diaspora se reconnaîtraient davantage dans une telle sélection. C'est cela aussi le professionnalisme. K. A.