Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Malgré son absence au Salon international des véhicules industriels (Sivi-2010), l'ombre de l'Entreprise nationale des véhicules industriels (SNVI) a plané sur l'événement. En fait, cette entreprise nationale a décidé ne pas y prendre part pour des raisons inconnues. Cependant, la place de cette entreprise sur l'échiquier industriel national est toujours visible. En fait, face à la concurrence féroce que connaît le marché et malgré le retard pris dans la mise à niveau de ses équipements, la SNVI a réussi à se tailler une bonne part de marché. En effet, à l'image du secteur automobile, le segment des véhicules industriels a bénéficié de toute l'attention du gouvernement, ces dernières années. Après avoir décidé de mettre de l'ordre dans ce marché en interdisant l'importation des équipements des travaux publics à l'état usagé ou même rénové, le gouvernement a décidé de soutenir la SNVI en la dotant d'un plan d'investissements. Il s'agit d'un programme qui comporte plusieurs volets, tels que le traitement des aspects financiers, l'aspect managérial, les mises à niveau notamment des équipements qui pour certains sont dans un état vétuste. Selon le P-DG de l'entreprise, la «SNVI, à partir de 2010, entrera dans une phase de développement et de redressement en tant qu'entreprise de première grandeur, car les pouvoirs publics ont décidé de l'incorporer parmi les fameux champions. L'entreprise est capable de s'intégrer dans le marché mondial du véhicule industriel». Pour le responsable de la SNVI, «la SNVI ne pourrait, à elle seule, représenter un marché viable et attractif pour les candidats à la sous-traitance. Il est, en effet, essentiel que se développent encore plus l'industrie mécanique en général et celle du véhicule industriel en particulier». Dans cet objectif, le ministère des Finances a décidé de prendre en charge la question des droits de douane, jusqu'en 2009. Les producteurs, dont SNVI, payaient environ 15% de taxes douanières, alors que les importateurs de produits finis à revendre en l'état, n'en payaient que 5%. Cette mesure entre dans le cadre de la nouvelle politique du gouvernement axée principalement sur la relance du secteur industriel national et la production locale. La série des mesures prises pour soutenir ce fleuron de l'industrie nationale ne se limite pas à ça puisque récemment le gouvernement a instauré une nouvelle taxe sur les véhicules lourds et les engins de travaux importés. Cette décision, contenue dans la loi de finances complémentaire 2010, a été prise pour «encourager la production nationale» et baliser le terrain à la SNVI afin de lui permettre de bénéficier amplement de certaines parts du marché local et pourquoi pas exporter. L'essor du complexe moteurs-tracteurs L'autre acteur qui est toujours visible sur la scène industrielle du pays est le Complexe moteurs-tracteurs (CMT) de Constantine. Cette entreprise a bénéficié d'une restructuration qui a donné naissance à deux entités réunies au sein du même site de production à savoir l'Entreprise tracteurs agricoles (Etrag) et de l'entreprise moteurs (EMO). L'usine dispose d'un atelier tôlerie et forge avec quatre groupes de forgeage dont la masse frappante varie de 2 à 20 t, qui réalisent des pièces forgées de 200 g à 40 kg. L'atelier des moyens de production de l'usine est en mesure de réaliser des matrices et des dispositifs pour la production de pièces en tôlerie, forge, soudure. Il possède, en plus, des capacités pour réaliser différentes pièces de rechange spécifiques. Avec les capacités de cette entreprise, la production pourrait atteindre 2 500 tracteurs et 4 000 moteurs par année. Le complexe est en mesure d'augmenter aussi cette capacité de production. Pour revenir au Salon international des véhicules industriels, signalons que cet événement a vu la participation d'une cinquantaine d'exposants. Les différentes marques présentes en Algérie proposent aux professionnels algériens des produits allant du véhicule industriel livré clés en main aux carrosseries, plateaux, pièces de rechange, fournitures et maintenance des équipements, et autres aménagements divers. Les grandes marques de véhicules industriels européennes, asiatiques ou encore américaines sont présentes à cette manifestation. «Ce salon, pris en charge par le passé par le Salon international de l'automobile, est devenu depuis quatre ans une occasion d'offrir un espace spécifique aux véhicules industriels, vu l'importante demande que connaît ce marché», a estimé le président de l'Association des concessionnaires automobiles, pour qui la vente des véhicules industriels a chuté de 18% durant cette année et de 30% depuis la loi de finances 2009.La même source a précisé, en outre, que la suppression du crédit véhicule auprès des banques ainsi que l'augmentation des prix des taxes sont pour beaucoup dans cette diminution. Enfin, à souligner que, malgré la présence des différentes marques activant dans ce créneau depuis des années, l'idée d'entamer la production localement tarde à se concrétiser. Les professionnels du secteur évoquent en fait d'innombrables raisons telles que l'inexistence d'une main-d'œuvre qualifiée ainsi que la technologique requise pour une telle industrie.