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Des milliards de dinars engloutis pour un thon non consommé par des Algériens Après la réduction de son quota, l'Algérie s'achemine vers son retrait de l'ICCAT
Le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, M. Abdallah Khanafou, a, dans une interview accordée au Soir d'Algérie, tenté de minimiser l'impact de l'affaire du quota de thon enlevé à l'Algérie et distribué entre quatre pays, à savoir la Libye, la Turquie, la Croatie et l'Egypte. Selon lui, les redevances attendues ne sont que de quelques milliards de centimes. Exactement sept. Une somme dérisoire, affirme le ministre, comparée aux centaines de millions d'euros dont ont bén ficié les armateurs étrangers pendant plus d'une décennie. Ce qui n'est pas faux. Des dizaines de milliers de tonnes de thon sont allouées depuis 15 ans à l'Algérie. Qu'est-ce qu'on en a fait ? Les a-t-on cédées gratuitement aux étrangers face à notre incapacité de les pêcher ? Soit. Qu'en est-il des milliards de dinars d'aide octroyés dans le cadre de la relance de cette activité ? Le ministre avait annoncé à la radio que des procédures judiciaires ont été lancées à l'encontre de 11 propriétaires de bateau de pêche. Ces derniers ont bénéficié de la subvention de l'Etat pour l'achat du matériel de pêche au thon mais ils l'ont employée à d'autres fins. Pour rappel, 15 armateurs algériens ont bénéficié d'une aide de l'Etat à hauteur de 60% pour l'acquisition de 15 thoniers. Mais en 2009, le quota de l'Algérie, 1 000 tonnes de thon, n'a pas été pêché. Aucune demande pour la campagne de 2010 n'a été enregistrée, toujours selon le ministre. Donc, 15 armateurs ont bénéficié de milliards de dinars mais aucun n'est aujourd'hui en mesure de pêcher le thon ! En réponse à une question portant sur les pertes financières engendrées par la réduction du quota, M. Khenafou déclare ne pas pouvoir donner de chiffre exact et se demande «pourquoi il y a autant de bruit autour de cette affaire. Il faut savoir que le seul impact positif est en faveur de ceux qui vont participer à cette campagne. C'est un produit qui sera vendu sur les marchés internationaux. Le gâteau sera partagé par ceux qui vont pêcher le thon». Pourquoi l'Etat a-t-il alors investi des milliards pour promouvoir cette pêche et aider des privés ? Si les dividendes rentrent dans les poches des armateurs privés et que le thon est consommé par des étrangers, quel a été l'intérêt de l'Etat à octroyer l'argent du Trésor public ? Le ministre est formel : «Il est évident qu'aucun Algérien ne consomme de thon rouge cru et nos unités de transformation ne sont pas en mesure de prendre en charge ce produit.» Le thon rouge ne figure pas dans les habitudes culinaires algériennes pour la simple raison qu'il n'a jamais été disponible, mais le plus important dans la déclaration du ministre, c'est quand il reconnaît qu'en Algérie il n'existe aucune unité de transformation et, par ricochet, aucune planification ni vision d'avenir chez les décideurs algériens. Sinon pourquoi engloutir de l'argent dans des thoniers sans penser à organiser toute la filière ? La seule annonce faite par le ministre dans son intervention parue hier est la possibilité du retrait de l'Algérie de l'ICCAT si cette dernière ne rétablit pas le quota : «[…] Nous pouvons même envisager le retrait de cette organisation jusqu'à ce qu'on nous respecte.» H. Y.