L'affaire de la réduction du quota de la pêche de thon rouge à l'Algérie semble avoir pris des tournures très sérieuses, voire déplaisantes. Rejetant catégoriquement cette décision, l'Algérie menace de prendre des mesures «extrêmes» dans la perspective de faire valoir ses revendications à savoir le rétablissement de son quota. Par le biais de son ministère de la Pêche, l'Algérie conteste, en effet, fortement la décision de la Commission Internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA). Et pour cause ! les pays membres représentant les 48 Etats pêcheurs réunis en novembre dernier s'étaient mis d'accord sur une quasi-stabilité des quotas pour 2011 en limitant la pêche en Méditerranée à 12.900 tonnes contre 13.500 en 2010, avec une légère redistribution des quotas entre les pays, en particulier entre l'Algérie, la Libye, la Turquie et l'Egypte. Ils ont, ainsi, inscrit le partage de 418 tonnes de thon rouge entre les quatre pays précités. Jugée d'inacceptable», cette décision jugée injuste a motivé la menace algérienne de se retirer de la CICTA si celle-ci ne rétablit pas le quota prédestiné à notre pays. «Cette décision de partage n'aurait jamais due être prise. Elle a été imposée par ceux que nous considérons comme étant des pays amis. Maintenant, nous avons introduit un recours. Si nous n'obtenons pas gain de cause, personne ne peut nous imposer quoi que ce soit. Nous pourrions aller vers des mesures extrêmes», a souligné le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, M. Abdellah Khanafou, dans un entretien accordé au quotidien «Le Soir d'Algérie». Déterminé, le ministre a souligné qu'il est même question de durcir le ton et de joindre l'acte à la parole. Il a souligné que «nous pouvons même envisager le retrait de cette organisation jusqu'à ce qu'on nous respecte. Nous n'avons commis aucune infraction et il n'y a pas de raison que l'on soit amputé de cette quantité», ajoutant que «l'Algérie a toujours respecté ses engagements vis-à-vis de cette organisation». Par ailleurs, M. Khanafou a expliqué que même si l'Algérie n'avait pas atteint son quota de pêche de thon rouge en 2010, à défaut d'armateurs, «elle est restée dans l'esprit même de la CICTA, dont la mission est de préserver et de protéger cette espèce menacée d'extinction». Jusqu'à présent, l'Algérie, pour pallier ce manque, faisait appel à des thoniers étrangers, notamment turcs et les japonais et grecs. C'est eux d'ailleurs qui profitent le plus de sa quote-part. Autrement dit, l'impacte de la réduction des quotas sur le Trésor public ne serait que minime. Le ministre a annoncé que l'Etat avait, dans le cadre de son plan de relance, décidé d'accorder des aides à hauteur de 60% du prix du thonier afin de pouvoir constituer une flottille. Evoquant, par ailleurs, les raisons de l'absence à la réunion de la CICTA tenue à Paris, M. Khanafou persiste et signe en soulignant que «si le ministère n'a pu envoyer ses délégués c'est faute de visas que la France n'avait pas délivrés aux Algériens». Cependant, il a précisé que l'Algérie était représentée par son ambassade. Le consulat de France à Alger et le Quai d'Orsay ont rétorqué qu'aucune demande de visa n'avait été enregistrée. Comme preuve à l'appui, M. Khanafou affirme que «nous disposons des documents qui attestent que le ministère avait déposé les demandes de visas».