Tous les présidents de clubs salivent à la seule idée que des instructions ont été données par les services du ministère de la Jeunesse et des Sports pour que les associations professionnelles de football commencent à bénéficier du concours de dix milliards de centimes consentis par l'Etat afin d'aider à l'installation progressive du football professionnel et surtout à la disponibilité de conditions idoines pour ce faire. Or, il est de notoriété publique que la destination de ce pactole est tout autre que celle à laquelle les directions de club croient et certains ont déjà commencé à procéder à sa ventilation. La rue d'ailleurs charrie cette idée dans la mesure où des présidents de clubs s'épanchent et de la manière la plus officielle qui soit quant à, d'une part, l'affectation de ce concours financier et, d'autre part, de ce à quoi «ils» le destinent. Bien entendu, dans tout ce lot d'incompréhensions calculées de part et d'autre, rien n'a encore été fait sachant que depuis le début de l'année 2010 et jusqu'à ce jour, le ministère concerné et les instances fédérales du football n'ont pas cessé de pédaler dans la choucroute. Il y a d'un côté les intentions, de l'autre, les attentes et le no man's land pour synthèse. Le MJS n'arrêtant pas d'annoncer la publication d'un décret exécutif qui dicterait les procédures d'utilisation de la manne financière évoquée et les directions de club n'arrêtant pas en ce qui les concerne de soutenir que «l'argent va rentrer et avec lui tout rentrera…dans l'ordre», à commencer par le payement des arriérés de salaires et primes des staffs techniques dans leur intégralité, voire pour les administratifs. En somme, un dialogue de sourds auquel les instances nationales du sport ne veulent pas mettre un terme, cultivant par là, délibérément, l'amalgame. C'est ce qui ressort d'ailleurs du petit paragraphe qui est consacré à la question par la Fédération algérienne de football dans le communiqué résumant la réunion du 30 décembre passé avec les présidents de clubs de L1. «L'état d'avancement du professionnalisme initié au début de cette saison a été débattu lors de cette rencontre pendant laquelle les présidents de clubs ont exposé les problèmes liés à l'application des nouvelles dispositions relatives aux compétitions professionnelles ainsi qu'aux mesures d'aide décidées par l'Etat. Plusieurs propositions ont été soumises lors de cette rencontre, à la FAF, pour la solution des problèmes urgents ainsi que celles nécessaires au développement du football national.» Les présidents de club continuant donc à exposer des problèmes liés aux mesures d'aide décidées par l'Etat et la Fédération d'esquiver cette question frontale en jugeant qu'il y a urgence ailleurs sans trop s'étaler sur la nature même de celle-ci. Jusque-là, nul parmi tout le personnel affecté à cette «chose» qu'est le football professionnel n'est dupe du fait qu'aussi bien le décret exécutif 06-264 que la note de méthodologie émise par la FAF sont, on ne peut plus, explicites sur des mécanismes, lesquels appliqués comme parole de Coran démêlent de la manière la plus superbe l'écheveau. Les attentes des instances nationales du football restent un développement harmonieux du football national à travers cette professionnalisation décidée un peu à la hussarde et pour cause, tout le retard mis par ces mêmes instances à la matérialiser depuis quatre années. Or, ce développement harmonieux est peu évident compte tenu de la persistance de l'improvisation à tous les stades de fonctionnement des programmes mis en place. L'un des vœux essentiels de la Fédération algérienne est la formation qui n'est, il est vrai, que la solution miracle par laquelle la discipline sortirait de l'ornière et surtout du bricolage. Par formation, il faudrait notamment comprendre qu'il s'agira d'une formation complète, pédagogique où le maillon essentiel, à savoir le football, ne serait qu'un élément entre autres même s'il est sur un piédestal. Les stades ne retrouveraient leur convivialité qu'à partir de la moralisation du football et celle-ci ne saurait venir que de l'avènement d'un footballeur nouveau. A l'heure actuelle, la purulence est à un tel degré qu'il relève pratiquement de la gageure d'instaurer le professionnalisme autrement que par un break autour de la discipline qui consisterait à solliciter de la Fifa un arrêt ou une suspension provisoire de la compétition nationale jusqu'à ce que soit nettoyée la place pour ne pas dire ce qui ressemble étrangement aux écuries d'Augias. Qu'ont apporté quatre mois de compétition pompeusement qualifiée de professionnelle ? Les mêmes pratiques continuent d'avoir lieu, la violence si elle a effectivement diminué sur les terrains a, a contrario, pris une ampleur phénoménale dans les tribunes et gradins et à la périphérie des stades, les soupçons autour de la combine sont là comme toutes les suspicions autour de l'honnêteté des arbitres, les joueurs ne sont toujours pas payés, les entraîneurs continuent leurs pérégrinations d'un club à un autre, ce qui confirme le doute sur l'inconsistance des relations de travail, les décisions du TAS ne sont pas appliquées, les sponsors ne se bousculent pas parce que personne parmi les authentiques capitaines d'industrie et géants du commerce ne s'aventureraient à placer un kopeck dans la discipline à moins d'avoir de l'argent à blanchir. A un moment où simultanément, aucun club n'a mis en vente une action au profit des petits porteurs, ceux-là mêmes qui font la force d'une société. A. L.