L'instauration en Algérie du football professionnel, le vrai, est en marche. Hier, une réunion interministérielle s'est tenue sous la présidence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, afin d'étudier et d'adopter l'avant-projet de la loi régissant le football professionnel avant qu'il ne passe pour examen au Conseil des ministres. Au cours de cette réunion, à laquelle ont assisté plusieurs ministres, dont le ministre du secteur, El Hachemi Djiar, ainsi que Mohamed Raouraoua, président de la Fédération algérienne de football, et Mohamed Mecherara, président de la Ligue nationale de football, instance régissant les compétitions du football professionnel. A partir de 2011, la licence FIFA sera obligatoire pour les clubs Il faut dire que l'instauration du professionnalisme au niveau du football est devenue inéluctable. En effet, la FIFA a fixé un ultimatum jusqu'à 2011 à toutes les Fédérations nationales qui lui sont affiliées pour que les clubs de l'élite de chaque pays soient régis par des règles professionnelles unifiées et standardisées, faute de quoi les clubs seront interdits de toutes les compétitions organisées sous son égide. En plus clair, si les clubs algériens de l'élite ne devenaient pas professionnels selon les normes et n'obtenaient pas la licence FIFA, ils ne pourront plus participer, par exemple, aux compétitions africaines des clubs (Ligue des champions africaine, Coupe de la CAF). De ce fait, il fallait une loi en Algérie pour accompagner cette évolution. De gros moyens pour les sélections nationales Le projet de loi prévoit, entre autres mesures, la prise en charge totale de l'Etat de toutes les sélections nationales de football, de quelque catégorie qu'elles soient, de manière à leur assurer les moyens financiers et logistiques nécessaires et leur épanouissement et à leur performance. Ainsi, les stages de préparation, les déplacements et les regroupements seront financés par l'Etat, sans pour autant occulter les ressources qui pourraient provenir des sponsors. Les sélections nationales bénéficieront ainsi d'une attention particulière et de gros moyens pour une représentation qualitative sur la scène internationale. Les clubs seront transformés en SARL et en SPA Par ailleurs, les clubs appelés à devenir professionnels ne seront plus des associations amateurs ou bien des Entreprises uninominales à responsabilité limitée (EURL). Ils seront transformés soit en Sociétés anonymes à responsabilité limitée (SARL) ou en Sociétés par actions (SPA). De ce fait, les présidents des clubs ne seront plus élus par l'assemblée générale, mais par un conseil d'administration ou par l'assemblée des actionnaires du club. C'est une porte ouverte pour la privatisation des clubs. Un prêt de 10 milliards pour chaque club, remboursable après 10 ans Pour aider les clubs à démarrer sous leur nouveau statut, la loi prévoit de nombreuses mesures. Ainsi, chaque club bénéficiera d'un prêt de 100 milliards de dinars (10 milliards d'anciens centimes). Ce prêt sera remboursable sur 15 ans, avec un taux d'intérêt de 1 %, au bout de la dixième année d'exercice, c'est-à-dire que ce n'est que 10 ans après la date du prêt que le club commencera à le rembourser sur une période de 15 ans. Le taux d'intérêt très bas se veut comme un geste d'encouragement de l'Etat pour favoriser le développement du professionnalisme en Algérie. Des assiettes de 2 hectares pour la construction de stades En plus du prêt financier, chaque club bénéficiera d'une assiette d'une superficie de 2 hectares au prix symbolique de 1 DA le mètre carré, soit pour un montant global de 20 000 DA. Cette assiette devra servir à construire un siège et un stade propres au club, sous la supervision de l'Etat qui facilitera les procédures au titre d'aide à la construction. En effet, des mesures de contrôles seront instaurées comme autant de garde-fous afin d'empêcher que l'assiette de terrain soit utilisée à des fins autres que la construction de biens immobiliers du club. Un bus haut standing pour chaque club En sus de ces aides, l'Etat octroiera à chaque club professionnel un bus de haut standing pour ses déplacements à l'intérieur du pays. Des aides fiscales seront également consenties à ces clubs durant les premières années, comme c'est le cas des entreprises qui se lancent dans des investissements en Algérie, lesquelles bénéficient de mesures incitatives. Toutes ces dispositions sont destinées à baliser le terrain pour permettre aux clubs de se donner les moyens de base nécessaires pour faire face à leur nouveau statut. Des centres d'entraînement régionaux comme ceux de Aïn Draham D'autre part, le projet de loi instaurant le professionnalisme prévoit la construction de centre d'entraînement et de regroupement régionaux dans les différentes régions du pays. Ces centres, qui seront dotés de toutes les commodités et installations adéquates (hôtels, batteries de terrains, salles de soins, restaurants, salle de gym…) seront appelés à accueillir les équipes désirant effectuer une préparation de courte ou de moyenne durée. Ainsi, plutôt qu'envoyer leurs équipes effectuer leur préparation dans des centres situés dans les pays voisins comme à Aïn Draham en Tunisie ou à Ifrane au Maroc, les clubs feront des économies en les envoyant vers des sites de même qualité situés en Algérie. Les stades actuels ne seront pas vendus aux clubs Concernant les stades existant actuellement, ni ils ne seront répartis parmi les clubs ni ils ne leur seront vendus. Ils seront utilisés pour les compétitions à titre provisoire, en attendant que chaque club construise son stade, ou bien ils leur seront loués, mais ils resteront la propriété de l'Etat et des Collectivités locales à travers leurs tutelles, soit le ministère de la Jeunesse et des Sports pour l'OCO et les OPOW, les daïras pour les OPOD et les APC pour les stades communaux. Quant au centre des équipes nationales de Sidi Moussa, qui est presqu'achevé, sa gérance sera confiée à la Fédération algérienne de football pour 5 ans.