La phase aller de la première édition du Championnat professionnel de football s'est achevée même s'il reste encore deux journées complètes et quelques autres matchs à jouer. Les événements qu'a connus le pays les 4 et 5 janvier dernier ont poussé les responsables de la Ligue nationale de football (LNF) à avancer la trêve hivernale. Dans tous les cas de figure, une pause s'impose pour faire un premier bilan quant à l'avancement de la professionnalisation du football national. A priori, le processus en est encore à ses débuts. Il est certain que cette nouvelle façon de gérer la chose footballistique a besoin de temps pour se concrétiser sur le terrain. Mais, au vu de la réaction d'un bon nombre de dirigeants de club, notamment ceux qui se sont professionnalisés, donc ceux de la division une et deux, il est clair qu'il y a, chez ce personnel, une volonté de «bloquer» les choses. Hormis un ou deux cas – l'USM Alger en est l'exemple avec l'entrée dans le capital du club du groupe Haddad ETRHB comme actionnaire majoritaire – tous les autres présidents de club refusent, pour l'instant, d'ouvrir le capital des sociétés sportives par actions (SSPA). La majorité d'entre eux ont déposé des dossiers de SSPA avec un capital d'un million de dinars, détenu, bien évidemment, par les actuels dirigeants. Ce qui s'apparente à une supercherie. Et les responsables de la Fédération algérienne de football (FAF) sont conscients de cette situation. Lors de la conférence de presse qu'il avait animée peu de temps avant le début de la saison, le président de la FAF, M. Mohamed Raouraoua, avait évoqué ce problème, lié au capital minimum nécessaire pour la constitution d'une SSPA. Il avait indiqué que l'instance footballistique va y remédier dès la saison prochaine en imposant une certaine «sévérité» en ce concerne le respect des conditions du cahier des charges. Celui-ci avait laissé entendre que, si la FAF s'est montré «souple» en ce début de saison, c'est seulement parce qu'il y a le souci de lancer le processus. En d'autres termes, des «rectifications» seront apportées au fur et à mesure que l'on avance dans le processus. «Il faut que le capital couvre le budget de fonctionnement du club», avait déclaré le président de la FAF. Selon des indiscrétions, le ministère de la Jeunesse et des Sports et la FAF songent à imposer, par décret, aux clubs d'ouvrir le capital des SSPA aux investisseurs. Il est clair que de gros privilèges sont en jeu. Les actuels dirigeants, responsables en partie de la situation dramatique du football national, savent très bien que, s'il y a ouverture du capital, ils risquent de se retrouver sur la touche dans peu de temps. D'où toutes ces résistances à ce processus de professionnalisation. Si les autorités footballistiques du pays n'imposent pas une telle ouverture des capitaux, il est fort à parier que les choses n'évolueront pas dans le sens voulu. Et tout commence, bien évidemment, par une évaluation crédible de la valeur d'un club. Quel est le capital du Mouloudia d'Alger, pour ne citer que celui-ci, et sur quelle base l'ont évalué ses dirigeants ? Si les «patrons» d'un club professionnel sont très regardants sur tout ce qui est relatif à l'exploitation «illégale» de son image, c'est que cette dernière a un prix. Ce qui implique que, dans l'évaluation de cette même équipe, le prix de l'image doit être pris en considération. En tout état de cause, il est clair que les choses ne doivent aucunement continuer à évoluer de la sorte. Si les anciens dirigeants ont trouvé un subterfuge pour rester à la tête des clubs, avec un capital minimum d'un million de dinars, c'est que rien n'a changé en fin de compte. Il y a quelques semaines, les membres du bureau fédéral de la FAF avaient demandé aux clubs de procéder à l'ouverture du capital. Mais jusque-là rien n'a été fait. Pour «calmer» les esprits, certains présidents ont promis de procéder à cette opération «dans les semaines à venir». Mais là encore, rien n'a été fait. D'autres dirigeants tentent également d'aller vers une ouverture du capital mais avec le préalable que les clubs sportifs amateurs (CSA), dont ils sont présidents, soient les actionnaires majoritaires. Ce qui, en soi, n'est pas un changement. Un procédé «légal» mais freinant les investisseurs qui, de ce fait, ne voient pas de raison d'apporter leur contribution. Ce serait une autre forme de sponsoring. Finalement, l'ouverture des capitaux de ces SSPA s'impose. Les autorités footballistiques du pays devraient faire en sorte que les présidents réticents s'y attellent. A. A.