Le gouvernement tunisien de transition s'est réuni, hier, avec au programme la situation sécuritaire dans le pays et une éventuelle levée du couvre-feu. L'ONU a annoncé un bilan de 219 morts et 510 blessés durant les troubles qui ont fait tomber le régime honni de Ben Ali. 219 personnes sont mortes et 510 ont été blessées durant ces cinq semaines de violences. Selon le chef de la mission du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU, 147 personnes avaient trouvé la mort depuis la mi-décembre, ainsi que 72 personnes dans des prisons. Le précédent bilan de l'ONU faisait état le 19 janvier d'«au moins 100 morts». Le gouvernement de transition se réunissait pour la première fois depuis son remaniement dans la douleur le 27 janvier. Très contesté dans la rue pendant cinq jours par des manifestants qui campaient sous ses fenêtres malgré le couvre-feu, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi avait survécu et formé une équipe expurgée des caciques du régime du président Ben Ali, en fuite à l'étranger depuis le 14 janvier. Ce conseil a pour mission primaire la question de la sécurité dans le pays, où plusieurs incidents ont été rapportés ces derniers jours. Les plus inquiétants se sont déroulés lundi dernier à Kasserine, principale ville du Centre où la sous-préfecture a été pillée et saccagée par des centaines de jeunes. Un lycée, un local associatif et un cabinet de médecin ont été attaqués sans que les forces de l'ordre interviennent. Pour l'heure, la situation reste tendue. La ville de Kasserine devenue un des symboles de la contestation a connu, début janvier, des affrontements très violents entre policiers et manifestants qui ont fait au moins 21 morts. La tension reste perceptible. Un jeune homme au chômage avait tenté, samedi écoulé, de s'immoler par le feu dans la région de Gafsa, dans le Sud, pour dénoncer sa «situation sociale déplorable». Aymen Ben Belgacem, 21 ans, a été hospitalisé dans un état critique à Tunis. Le ministre de l'Intérieur Farhat Rajhi devait faire un point sur la sécurité. Concernant une éventuelle levée du couvre-feu en vigueur depuis le 13 janvier, les observateurs estiment que «la situation n'est pas encore stabilisée». Autre sujet de préoccupation pour le gouvernement, les revendications des policiers un peu partout dans le pays. Des policiers ont débrayé, lundi, dans trois régions pour revendiquer un syndicat et de meilleures conditions de travail : Sousse à 140 km au sud de Tunis, Kairouan, au centre, et Bizerte située à 60 km au nord de la capitale. Les policiers de Sousse «demandent [au gouvernement] d'assainir la police des anciens mafieux et d'améliorer leur image dans les médias». La récupération par l'Etat des «biens» appartenant aux familles Ben Ali et Trabelsi se poursuit. Un avion privé appartenant à la famille de Ben Ali a, par ailleurs, été saisi par la justice française à l'aéroport du Bourget en France. R. I.