La célébration des fêtes religieuses par la société algérienne, tout au long de son histoire, témoigne de son attachement à ses valeurs spirituelles et de son souci de préserver son identité, notamment durant la période coloniale, affirment des historiens.Plusieurs historiens estiment que la célébration de la naissance du prophète Mohamed (QSSSL), le 12 rabie al-awal de l'hégire, était «un moyen de défense de l'identité nationale, des valeurs et de la religion du peuple algérien», au moment où «la France coloniale œuvrait à inculquer aux enfants algériens qui ont eu la chance d'aller à l'école son histoire et ses traditions».«En dépit de l'acharnement de la France à effacer l'identité du peuple algérien, ce dernier est resté fidèle à cette tradition, ce qui témoigne de son attachement à son identité, en réaction à la politique de la France qui a œuvré, 132 ans durant, à la consécration des fêtes chrétiennes», a déclaré à l'APS M. Zaïm Khenchlaoui, anthropologue des religions et spécialiste en soufisme. A ce propos, il a souligné à la veille de la célébration du Mawlid Ennabaoui que les zaouïas ont joué un «grand rôle» dans la préservation de l'identité nationale durant la période coloniale, à travers la sensibilisation religieuse d'une population en majorité ignorante.De ce fait, les fêtes religieuses, notamment le Mawlid Ennabaoui, constituaient une occasion pour rappeler au peuple algérien son appartenance à l'islam et un moyen de faire face aux tentatives coloniales visant à effacer l'identité nationale. Après l'indépendance de l'Algérie, le Mawlid Ennabaoui était célébré en grande pompe dans toutes les wilayas du pays, y compris Alger, ce qui renseigne sur l'importance de cette fête religieuse chez les Algériens, a-t-il rappelé. Selon M. Khenchlaoui, l'attachement «particulier» du peuple algérien à la célébration du Mawlid Ennabaoui, par rapport aux autres peuples musulmans non colonisés, remonte à l'ère fatimide.La célébration de la naissance du Prophète (QSSSL), en ce temps-là, était «officielle et populaire» dans tout le pays. Elle se manifestait à travers des exhibitions militaires, l'installation de tentes, la distribution de nourriture aux pauvres, la décoration des mosquées, les danses religieuses et la récitation du Coran. L'utilisation des lanternes lors de la célébration du Mawlid Ennabaoui en Algérie, durant l'ère fatimide, rappelait les aspects festifs de cette tradition en Egypte durant la même dynastie, a indiqué le chercheur.Il a ajouté qu'une partie de la tribu algérienne de Kotama qui vivait dans l'est du pays, s'est rendue en Egypte durant l'ère fatimide, ce qui explique, selon lui, la similitude des rituels festifs de cet événement religieux dans les deux pays.La plupart des familles algériennes procèdent durant la nuit du Mawlid Ennabaoui à la circoncision de leurs enfants revêtus de costumes traditionnels avec la rituelle cérémonie du henné au parfum des bougies.Hormis l'Egypte, l'Algérie et quelques pays musulmans, les signes de célébration du Mawlid Ennabaoui sont quasi inexistants dans les autres pays arabes, à en croire les nombreuses personnes qui s'y sont rendues.