Quand on a le nécessaire, la différence se fait dans la variété des solutions. Face au Soudan, l'équipe nationale algérienne avait besoin de réponses collectives et surtout de ne rien s'interdire, car tout était possible. Même jouer pour s'imposer et remporter les trophées. Au-delà de tout ce qu'il devrait représenter comme enjeu et, par conséquent, exigence de résultat, Soudan-Algérie devait constituer au fait une belle histoire susceptible de remettre les Verts sur les rails à l'heure de la vérité. Un nouveau chapitre, une nouvelle page concernant un groupe de joueurs et leurs entraîneurs, peuvent-ils se donner aujourd'hui le droit de défier les grands moments ? Un groupe appelé à rendre simples les choses compliquées tout en faisant ainsi valoir son droit de rêver. En somme, une équipe prête à tout faire pour ne pas entrer dans les choses ordinaires, pour défendre la notion de l'exception et de la primauté des valeurs, les vraies. Celles qui lui donnent la possibilité d'empoigner son sujet avec autorité et détermination. Mais tout en prenant compte aussi de la nécessité de certaines adaptations. De certaines exigences. Mais avant qu'il y ait une équipe, des joueurs sur le terrain, il devrait en exister une autre. Celle d'un groupe solidaire, d'un environnement propice et adéquat. Il se peut certes qu'elle soit parfois encline à avouer certaines faiblesses, mais le plus important est qu'elle échappe aux manquements de tous genres, qu'elle puisse afficher le volume de jeu le mieux adapté de ses temps présents et de ses temps d'avenir. On dit souvent que la culture de la compétition se travaille dans la durée, dans l'implication. Pour réaliser de bonnes performances, il faut apprendre à se donner, savoir patienter, se projeter dans l'avenir. Et si on tient à être compétitif au haut niveau, il va falloir donc évoluer dans cette direction. Plus on est là-dedans, et plus on y trouve des motifs d'épanouissement, une raison d'être. Ça rend fort et ça donne un mental d'exception. Il n'en demeure pas moins pour autant que la situation actuelle de la sélection est plus que jamais contraignante, pressante, pesante. L'obligation de résultat devrait justement conditionner le comportement et le rendement des joueurs. C'est un moment plus qu'important dans le parcours de l'équipe. Décisif et déterminant à plus d'un titre avec les moyens et les arguments les plus souhaités, les plus indiqués. Les objectifs tournaient donc autour de beaucoup d'exigences. Mais le plus important, et certainement le plus significatif, était de réussir un grand coup lors de ce CHAN. Celui qu'on attendait impatiemment, qui ferait chavirer tout le monde. On éprouvait vraiment le besoin. Les joueurs et toute l'équipe aussi… On doit savoir qu'il est grand temps, à se demander moins ce que tout cela pourrait apporter à l'équipe. Dans un pareil contexte et travers autant de contraintes, l'on ne saurait être accessible à tel ou tel relâchement. A un football de bas étage. L'on ne saurait ignorer que l'accusation de ne pas s'être impliqué, de ne s'être pas suffisamment battu est la plus sévère qui puisse accompagner le parcours d'un joueur. Un emballage qui va droit au cœur des consommateurs des grands principes. Au fait, et cela on n'a pas manqué de le relever surtout dans sa nouvelle version : plus l'équipe est en marche et moins elle avance. Il devrait y avoir de la signification pour un projet qui ne soit pas la copie conforme d'autres modèles dépassés. La sélection ne devait pas se présenter face au Soudan dans la peau d'une équipe ordinaire, statique. Elle devait forcer son destin. Elle avait toujours de bonnes raisons de le faire, surtout lorsqu'elle préconise un véritable surpassement dans l'effort. Il faudrait absolument être costaud à ce niveau de la compétition Elle ne devrait pas justement jouer pour jouer, mais plutôt fonder le jeu sur les prédispositions naturelles qu'elle pourrait avoir, développer jusqu'au bout l'idée du rendement collectif et des convictions partagées. Avec de pareilles alternatives, on ne peut s'intéresser que très peu aux individualités et on ne peut que se donner à fond pour l'idée d'un groupe solidaire et uni. La marge de progression d'un bon nombre de joueurs devrait favoriser un autre esprit de jeu, exiger des options plus adéquates et faire appel à des conceptions plus adaptées. Il y en a pour tous les goûts. D'une façon ou d'une autre, le match face au Soudan devait imposer à l'équipe algérienne de nouvelles prérogatives, pouvant répondre aux aspirations qu'elle nourrissait et aux objectifs auxquels elle ne peut que s'identifier, notamment à travers ce qu'elle était censée laisser entrevoir, certes sur le terrain, mais aussi du point de vue moral, esprit et attitude. Il devrait y avoir assurément quelque chose d'assez particulier à entreprendre, à réaliser et surtout pour une équipe appelée à prendre de plus en plus de la hauteur par rapport à ce qu'elle avait pris l'habitude d'accomplir. Il faut dire, à cet effet, que toute évolution est synonyme quelque part de reconversion et de transformation. La nouvelle dimension que la sélection se donne désormais dépend, sans aucun doute, de certaines priorités, pour ne pas dire d'exigences. Un sélectionneur, comme son nom l'indique, est là pour décider, trancher. Mais cela n'empêche pas les échanges. Le management personnel repose sur l'écoute et la décision. On sent. On s'imprègne. L'équipe algérienne devrait avoir ici et là sa façon bien particulière de s'imposer. Dans la moisson de mouvements qui débouchent régulièrement sur une parfaite implication collective, ça devrait commencer par l'aspect défensif, c'est-à-dire la récupération, le placement. La récupération, c'est aussi le côté sécurisant. Il faudrait absolument être costaud à ce niveau. C'est la base qu'on ne peut nullement négliger. Après, c'est ce qu'il y a de plus enthousiasmant. Ce qui compte finalement, c'est l'utilisation du ballon, la capacité à répéter les enchaînements, le jeu sur les côtés, à deux, à trois, ainsi que toutes les variétés que l'on peut apporter. Et si on a la chance de posséder dans l'effectif certains génies, au fond on n'en manque pas, il serait bon alors de leur confier le jeu et de les lâcher dans la construction et la créativité. D'où la nécessité d'accélérer la réflexion susceptible de mettre en évidence l'aptitude de l'équipe à mettre en difficulté son adversaire, avec ou sans ballon. Mais les choses ne peuvent pas être aussi simples qu'on le pense. L'application est plus complexe et exige une préparation bien précise. Mais quand on a le fond, la différence se fait dans la variété des solutions. Un geste génial, une passe lumineuse peuvent faire basculer tout un match. En un mot, la sélection avait besoin lors de ce CHAN et dans les matches décisifs pour l'octroi du titre de réponses collectives, coordonnées, avant de miser sur l'exploit individuel de quelques surdoués. Y. B.