Photo : Sahel Par Amar Rafa Les réformes politiques en gestation en Algérie, annoncées comme «inéluctables» dans le sillage du vent des réformes que connaît la région arabe, mettent de l'eau à la bouche de la classe politique, qui s'agite dans cette perspective en vue d'être associée, ou du moins consultée sur le contenu des changements à apporter.Pour autant, si le débat n'est pas encore clos autour des moyens à mettre en œuvre, non sans avoir partagé la classe politique entre les partisans du changement pacifique et les auteurs des marches cycliques, on semble pressé de passer à un stade supérieur de la revendication, chacun y allant de sa propre vision des mutations à introduire à l'édifice institutionnel du pays. C'est le cas, notamment de certaines constellations de partis d'opposition, à l'image de la CNCD aile partis ou de l'Alliance nationale pour le changement (ANC), réunissant sous le même chapiteau aussi bien des partis lilliputiens qu'une personnalité nationale, en l'occurrence Ahmed Benbitour, qui se projettent déjà dans l'après-annonce du train des réformes attendues à travers l'émission de propositions visant à gérer la transition démocratique dans le pays. Après le plaidoyer pour la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, qui aura pour mission de prendre en charge la révision de la Constitution et les élections (présidentielle, législatives et communales), formulé par un représentant d'El Islah, et néanmoins porte-parole de l'alliance susmentionnée, c'est au tour de la CNCD aile partis de faire une proposition d'un conseil de transition. A l'opposé, deux formations solidement ancrées dans la société, comme le FFS et le Parti des travailleurs, ont préféré s'en tenir à leurs vieilles revendications visant la mise en place d'une assemblée constituante au lieu et place de l'actuelle Assemblée. Devant cette profusion d'idées, les partis de l'Alliance présidentielle, quant à eux, agissent en rangs dispersés. Il y a d'abord le FLN qui croit dur comme fer que le changement est «inéluctable», mais pense qu'il y a péril en la demeure. Et à côté du RND, lequel n'est pas loin de ce raisonnement, le MSP, lui, veut tirer son épingle du jeu. Son président Bouguerra Soltani piaffe d'impatience de connaître les contours de ce train de réformes qu'annoncera le président de la République. Il l'a fait savoir vendredi dernier à Alger en souhaitant que l'annonce des «réformes politiques globales», évoquées dernièrement par le président de la République, soit faite le plus tôt possible. A l'ouverture d'un séminaire national des cadres féminins du parti, M. Soltani a affirmé : «Je pense que la volonté politique existe et tend au changement. Cependant, la date à laquelle seront annoncées ces réformes est très importante et doit être en notre faveur.» Pour lui, il est impératif d'annoncer les grands contours du changement dans les plus brefs délais. Et ce, pour deux raisons. La première est que «la situation est stable et l'opinion publique est dans l'attente de ce changement». La seconde est que «l'annonce des réformes permettrait de soustraire une carte qui était l'objet de nombreuses surenchères», a expliqué M. Soltani. Le président du MSP a estimé, en outre, que le changement et les réformes politiques «doivent se faire à travers la révision de la Constitution», arguant que ce n'est qu'une fois la Constitution révisée que «la nature du régime sera alors définie, et nous saurons quelles sont les réformes à entreprendre».