La pression s'accentue sur le régime syrien qui vit sur le rythme des manifestations depuis six semaines. Sur le plan interne, trente membres du parti au pouvoir, Baath, ont annoncé hier leur démission pour protester contre les «pratiques des services de sécurité», comme l'ont déclaré dans un communiqué les signataires du texte, originaires de la région de Banias. Ils ont évoqué «les perquisitions dans les maisons, les tirs à balles réelles sans discrimination sur les gens, les maisons, les mosquées et les églises». En deux jours, plus de trente morts sont à déplorer à Deraa, selon des militants des droits de l'Homme. Depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars, au moins 453 personnes ont été tuées, selon le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, qui a indiqué posséder «une liste nominative». Ce nombre croissant de victimes suscite l'inquiétude de la communauté internationale qui a décidé d'augmenter la pression sur le régime d'Al Assad. Sur le plan externe donc, les Etats-Unis ont demandé au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU de tenir demain une session spéciale sur la Syrie. Les représentants des 27 pays de l'UE se réuniront également demain à Bruxelles pour discuter de la situation en Syrie et «toutes les options sont sur la table» en matière notamment de sanctions, a indiqué un porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, ajoutant que l'UE entendait «agir le plus vite possible». Plusieurs de ces pays européens, dont la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Allemagne, ont déjà décidé hier de convoquer les ambassadeurs de Syrie pour leur signifier leur condamnation de la répression des manifestations. A Bruxelles, le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, s'est prononcé pour l'imposition de sanctions envers le régime syrien, citant un gel des avoirs et des visas, estimant qu'un «point de non-retour» avait été atteint. L'Italie, qui soutient aux côtés de la France le principe de sanctions contre la Syrie, souhaite une enquête indépendante des Nations unies sur la répression sanglante, comme l'a indiqué hier son chef de la diplomatie, Franco Frattini. L'ambassadeur de Syrie, Bachar Jaafari, a rejeté pour sa part toute idée d'enquête internationale dans son pays. «Nous regrettons ce qui se passe, mais vous devez convenir que ces troubles et ces émeutes, dans certains de leurs aspects, masquent des intentions cachées», a-t-il dit. A Damas, plus de 150 opposants syriens ont appelé le régime à introduire «un véritable changement démocratique» ou à faire face à une «révolution populaire» qui le renversera, dans un communiqué intitulé «Initiative nationale pour le changement». Selon l'opposition, l'introduction des réformes politiques radicales nécessite l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Selon elle, «l'armée est la seule institution à même de conduire ce changement». H. Y.