Photo : S. Zoheïr Par Amirouche Yazid Le dispositif de répression mobilisé hier par les autorités, s'il ne trompe plus personne, a néanmoins la particularité de réhabiliter certains procédés qu'on croyait révolus. Cela se passait aux premières heures de la matinée d'hier quand des agents de police se sont livrés à une véritable chasse à «l'identité». Les Algériens et les Algériennes âgés entre 20 et 30 ans, de passage aux environs de la Grande-Poste, ont eu droit à une opération «vérification de la pièce nationale d'identité». Et quand le passant dispose d'un cartable ou d'un sac à dos, il est vite «reçu» par les policiers. Pourtant, il n'y avait guère d'indice réel d'une circonstance d'urgence. Il y avait juste un appel à une marche pacifique, lancé par la Coordination nationale autonome des étudiants, qui revenait à la charge pour lancer, banderoles à l'appui, le SOS de l'étudiant algérien. Ces étudiants, qui veulent marcher en posant les questions liées à l'université, son présent et son avenir, ont été ainsi priés de décliner leur identité. La dérive policière ne se limite pas à ce niveau puisque l'intervention des agents de l'ordre, mobilisés pour cette mission, est accompagnée d'une violence verbale qui a laissé sans voix plus d'un citoyen. Les agents de sécurité se sont crus obligés de disperser tout groupe en place. Même quand une personne seule s'arrête et marque le pas, on l'invite à «circuler», n'épargnant que les gens désintéressés. Si des certains se sont exécutés avec beaucoup d'amertume, d'autres ont laissé exprimer leur stupéfaction ou colère. Un citoyen, agacé par une telle fouille, a fait entendre aux agents son indignation. «De quel droit vous m'interdisez de prendre un café de l'autre côté ?» riposta-t-il à deux agents de sécurité qui venaient de l'orienter vers un endroit où il ne sera pas «encombrant ni incorrect». L'ordre est vite donné par un supérieur de la sécurité pour embarquer «l'intrus». Cette scène se déroulait devant la Grande Poste où aucune chance n'a été laissée aux étudiants d'organiser leur manifestation. Venus de quelques universités du centre du pays, les étudiants ne croyaient pas leurs oreilles. «Ma pièce d'identité ? Suis-je suspect à ce point ?» tentent-ils de répondre aux agents de l'ordre qui les interpellaient. Les curieux et les représentants des médias présents sur les lieux n'ont pas échappé, eux aussi, à ce contrôle mené de façon brutale qui a fortement agacé les citoyens. «Vous ne perdrez rien en me parlant de manière respectueuse et civilisée. Pourquoi cette agressivité ?» s'indigne une dame qui voulait rentrer chez elle à proximité du boulevard Amirouche, alors que tous les accès étaient quadrillés.